
La question paraît simple, mais elle embrasse des réalités fiscales, civiles et financières hétérogènes : faut-il acquérir un bien de rapport en personne physique ou au travers d’une société ? L’arbitrage ne se limite pas à « taux IPP progressifs vs. taux ISoc fixes ». Il dépend de la base imposable (revenu cadastral revalorisé à l’IPP vs. loyers réels à l’ISoc), des possibilités de déduction (amortissements, frais, TVA), du coût de sortie (plus-values et « frottements » lors d’un retrait vers le privé), de la capacité de réinvestissement, de la transmission et du profil énergétique du bien.
Que retenir ?
Le « meilleur » véhicule dépend de votre usage (habitation, location privée, location professionnelle), de votre horizon(conserver/revendre), de votre structure de revenus et de vos objectifs patrimoniaux. Aucune solution n’est universelle ; un modèle « coûts/bénéfices » multicritères s’impose.
Afin d’introduire les comparaisons de façon lisible, rappelons la dynamique d’un projet immobilier :
Que retenir ?
La décision « privé vs. société » n’a de sens que si l’on suit le bien tout au long de son cycle de vie : une optimisation à l’entrée peut être annulée (ou surcompensée) à la sortie.
En personne physique, le traitement dépend fortement de l’usage :
En 2025, le nouveau gouvernement a décidé de mettre un terme sur la déduction des intérêts immobiliers de la base imposable. Ce fait peut être impactant, notamment pour ceux qui investissaient progressivement, en utilisant les intérêts de leurs emprunts pour conserver durablement une base immobilière imposable neutre. Ce fait nouveau doit être intégré dans les nouveaux modèles de calcul de vos optimisations!
Exemple illustratif (location privée)
Immeuble résidentiel loué 2 850 €/mois (34 200 €/an). À l’IPP, la base imposable n’est pas 34 200 € : on part du revenu cadastral indexé majoré (p.ex. RC indexé = 3 000 € → base forfaitaire majorée). En pratique, ce décrochage entre loyers de marché et base fiscale explique l’attractivité du logement loué à des particuliers.
Que retenir ?
Pour la location résidentielle à des particuliers, la personne physique est souvent fiscalement efficienteen phase de détention eten phase de sortie (plus-value fréquemment exonérée). En revanche, la location professionnellealigne l’IPP sur les loyers réels, ce qui peut faire perdre l’avantage. Les intérêts immobiliers ne sont plus déductibles, ils impactent les modèles de rendement.
En société, les loyers réels constituent le résultat imposable, mais la base est mécaniquement réduite par:
Le taux ISoc est fixe (25 % ; 20 % sous conditions de PME sur une première tranche de bénéfice), ce qui stabilise la charge. En revanche :
Exemple illustratif (location professionnelle)
Immeuble de bureaux détenu en société et exclusivement loué à des fins pro : loyers réels imposés diminués des amortissements et frais. Pour un actif capitalistique (bâtiment récent, CAPEX élevés), la société peut afficher une base imposable faible pendant des années. La contrepartie ? À la revente, la plus-value (valeur de marché − valeur nette comptable) est imposée à l’ISoc, sauf taxation étalée⁵.
Que retenir ?
La société optimise la détention (amortissements, déduction des frais, TVA éventuelle) et facilite le réinvestissement. Le coût de sortie (plus-value ISoc + « frottement » pour la remonter au privé) est la variable critique de l’équation.
Lorsque les usages sont mixtes (privé/professionnel) ou que l’on recherche une allocation efficace du capital, plusieurs structures sont envisageables :
Exemple illustratif (cabinet + logement)
Rez-de-chaussée professionnel et étages d’habitation : usufruit en société sur le rez (usage pro, amortissable), nue-propriété privée sur l’ensemble. L’équilibre économique se démontre par un rapport de valorisation (rendement locatif, taux d’actualisation, dépenses d’entretien).
Que retenir ?
Les montages créent de la valeur quand ils reflètent l’économie réelle (usage, flux, risques). Ils détruisent de la valeur en cas de survalorisation ou de fragilité documentaire.
Que retenir ?
Le véhicule de détention structure aussi la transmission et l’accès au crédit. Cartographier ces effets dès l’achat évite de « subir » une fiscalité ou une gouvernance défavorable plus tard.
Que retenir ?
Pour un pur résidentiel à conserver longtemps, la personne physique garde un avantage structurel (flux et exit), mais il se réduit depuis que les intérêts immobiliers ne sont plus déductibles.
Que retenir ?
Pour un actif professionnel (bureaux, retail), la société est souvent plus efficiente en phase de détention.
Thème | Détention en privé (IPP) | Détention via société (ISoc) | Recommandations Deg & Partners |
Base imposable en détention | Location privée : RC revalorisé(revenu fictif) ; location pro : loyers réels² | Loyers réels − amortissements − frais | Aligner l’usage (privé/pro) avec le véhicule ; simuler sur 10–20 ans |
Déductibilités | Déduction limitée (intérêts selon cas) | Large (amortissements, intérêts, frais, précompte) | Modéliser CAPEX, taux d’amort., profil d’endettement |
TVA | Pas de récupération (sauf cas spécifiques) | Récupération possible (neuf/option TVA)⁴ | Vérifier affectation taxable, proratas, révisions TVA |
Sortie (plus-value) | Souvent exonérée (hors spéculation/délai)³ | Imposée à l’ISoc (étalement art. 47 CIR 92)⁵ | Planifier l’exit dès l’entrée (scénarios : conserver / vendre / réinvestir) |
Rapatriement du cash | N/A (flux directement privés) | Frottement (dividende, rémun., liquidation) | Chiffrer le coût total « net main privée » |
Transmission | Donation immobilière coûteuse(régional) | Donation d’actions(mobiliers) souvent plus souple¹ | Articuler pactes, gouvernance, clauses de sortie |
Ingénieries | — | Usufruit, superficie, indivision | Documenter la valorisation économique |
Deg & Partners vous accompagne de bout en bout : modélisation financière multi-scénarios, sécurisation fiscale(IPP/ISoc/TVA), structuration juridique (usufruit, superficie, pactes), stratégie d’exit et planification successorale. Notre conviction : une décision éclairée, documentée et alignée sur vos objectifs crée durablement de la valeur.
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¹ Régimes régionaux à l’acquisition : taux réduits/abattements en Flandre, Wallonie, Bruxelles (droits d’enregistrement) ; régimes protecteurs en succession pour l’habitation familiale (règles régionales).
² IPP – revenus immobiliers : location à usage privé → base revenu cadastral indexé majoré (revenu fictif) ; location à usage professionnel → loyers réels (avec forfait de frais) ; ATN en cas de mise à disposition d’un logement par la société à un dirigeant.
³ Plus-values privées : exonérations fréquentes pour l’habitation propre (domiciliation minimale) et, selon les cas, pour d’autres biens hors spéculation/délais ; vigilance face au risque de requalification en revenus professionnels en cas d’achats/ventes répétés.
⁴ TVA : récupération possible pour les biens affectés à une activité taxable (bâtiments neufs/option), avec règles de révision et prorata.
⁵ Taxation étalée des plus-values en société : art. 47 CIR 92 (réinvestissement des prix de cession aux conditions légales).
Remarque de méthode : les règles régionales (droits d’enregistrement, successions/donations) et certaines tolérances administratives évoluent. Nous intégrons ces paramètres dans nos simulations personnalisées et dans nos recommandations avant toute décision d’acquisition ou de cession.