Dans bien des ASBL, les administrateurs sont bien plus que de simples mandataires : ils s’impliquent activement dans la gestion, accompagnent les salariés ou les bénévoles, représentent l’association ou assument des tâches techniques. Cette réalité de terrain amène une question récurrente : peut-on, et dans quelles conditions, rémunérer un administrateur d’ASBL ? Si la règle reste la gratuité du mandat, les aménagements sont possibles, à condition de respecter un cadre juridique et fiscal strict.
Le Code des Sociétés et des Associations (CSA) prévoit qu’un administrateur d’ASBL exerce son mandat à titre gratuit sauf décision contraire de l’assemblée générale. Il peut toutefois bénéficier:
À noter que l’indemnité de volontariat exclut le cumul avec d’autres remboursements de frais.
Lorsqu’un administrateur perçoit une rémunération (jetons de présence, rétribution périodique…), il devient, au sens fiscal et social, un travailleur indépendant. Il doit alors :
En principe, aucune TVA ne s’applique à ces jetons, sauf si les prestations se rapprochent de services professionnels.
La rémunération doit être raisonnable, conforme à la taille et aux capacités de l’ASBL. Une rémunération excessive pourrait remettre en cause le caractère désintéressé de l’ASBL et entraîner une requalification à l’ISoc[1].
Exemple : Un administrateur d’une petite ASBL locale, actif à titre bénévole, décide de facturer 10.000 EUR/an. Cela crée un risque de requalification de l’ASBL à l’impôt des sociétés pour rémunération non proportionnée.
Un administrateur peut cumuler son mandat avec des prestations rémunérées pour l’ASBL (consultance, coordination, animation, etc.) sous certaines conditions :
Exemple : Un administrateur, également expert IT, est chargé de la migration du site web de l’ASBL. Il peut être rémunéré sur base d’un contrat spécifique, mais cette mission ne doit pas être confondue avec la gestion générale de l’association.
En cas de contrat de travail, il faut prouver une véritable subordination (instructions, horaires, contrôle). À défaut, une requalification en travail indépendant est possible avec régularisation URSSAF à la clé.
Rémunérer un administrateur d’ASBL est possible, mais exige une vigilance extrême sur les modalités, les montants et les démarches formelles. La prudence commande :
Un accompagnement comptable et juridique est essentiel pour éviter des requalifications fiscales ou sociales nuisibles à l’association.
[1] Voir question parlementaire n°366 du 13 mai 2020 ; art. 1 et 220 CIR 92 ; art. 45, §1er, Code TVA ; art. 9:8 CSA ; Cass., 25 nov. 2022, F.21.0135.N ; Circulaire 2017/C/64 du 12.10.2017.