Offrir des présents à ses enfants est une pratique courante, mais lorsqu’il s’agit de montants plus conséquents, il est essentiel de comprendre la différence entre un « présent d’usage » et une donation, notamment pour éviter des implications fiscales ou successorales imprévues. Cet article a pour objectif d’éclaircir ces distinctions et d’offrir des conseils pratiques pour maximiser l’intérêt de ces présents tout en respectant les règles légales en vigueur.
Présent d’usage : Un présent d’usage est un cadeau offert à l’occasion d’un événement particulier (anniversaire, mariage, obtention d’un diplôme, etc.). Pour être considéré comme tel, il doit répondre à deux critères :
Donation : En revanche, une donation est un acte par lequel une personne cède volontairement et de manière irrévocable un bien ou une somme d’argent à une autre personne. Contrairement au présent, la donation est soumise à des règles fiscales strictes, notamment en ce qui concerne les droits de donation, et doit souvent être enregistrée.
Dans le cadre du droit successoral belge, la donation est censée être effectuée en avancement d’hoirie, c’est-à-dire qu’elle sera prise en compte dans le calcul de la succession. Cela signifie que, lors de votre décès, la valeur de la donation sera imputée sur la part d’héritage de l’enfant concerné afin de garantir une répartition équitable entre tous les héritiers.
Toutefois, chaque enfant a droit à une réserve héréditaire. En Belgique, cette réserve représente la moitié de l’héritage total, à partager entre les enfants. Si vous avez trois enfants, chaque enfant aura donc droit à un minimum d’un sixième de votre patrimoine. En revanche, un présent d’usage n’est pas soumis à ces règles, ce qui peut permettre, dans certains cas, de favoriser un enfant en difficulté ou de contourner indirectement les règles successorales.
Oui, dans la plupart des cas, un présent est fiscalement plus avantageux. Contrairement à une donation, un présent n’est pas soumis aux droits de donation ou de succession, à condition que la somme donnée soit jugée raisonnable par rapport au patrimoine total et qu’elle soit offerte à l’occasion d’un événement spécial.
Le principal risque lié aux présents d’usage est que le fisc les requalifie en donation. Cela se produit lorsque les montants sont jugés trop importants par rapport au patrimoine du donateur, ou lorsque le cadeau ne correspond pas à un événement particulier.
Cas de requalification : La Cour d’appel de Gand (22.03.2022) a récemment jugé que des cadeaux annuels de 5 000 € aux enfants et de 2 500 € aux beaux-enfants, donnés sous forme de « présents de Nouvel An », ne répondaient pas aux critères des présents d’usage, car la donatrice n’avait pas les moyens financiers de les offrir et devenait exceptionnellement généreuse peu avant son décès. Ces « cadeaux » ont été soumis aux droits de succession.
Les « estate planners » utilisent souvent la règle pratique du 1 % : la valeur des cadeaux ne doit pas excéder 1 % de la valeur totale du patrimoine par an. Cependant, cette règle n’a pas de fondement juridique. Si des cadeaux de cette ampleur sont répétés peu avant un décès, le fisc pourrait les requalifier en donations, entraînant des droits de succession.
Les cadeaux en espèces sont souvent plus difficiles à tracer par les autorités fiscales. Cela peut être un avantage, mais également une source de méfiance lors d’un contrôle fiscal ou successoral. Les virements bancaires, plus courants aujourd’hui, laissent une trace. Il est donc crucial d’indiquer de manière claire et simple la raison de ce transfert afin d’éviter tout malentendu avec le fisc.
Offrir des présents à vos enfants peut être une manière efficace de partager une partie de votre patrimoine sans passer par les contraintes fiscales d’une donation. Toutefois, il est essentiel de respecter certaines règles pour éviter la requalification par le fisc. En gardant à l’esprit la proportionnalité et la raison du don, vous pouvez utiliser cette pratique de manière sécurisée et avantageuse pour vous et vos héritiers.
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