Quand le contribuable interagit avec l’administration fiscale, la balle est parfois longtemps dans le camp du fisc. Cela peut générer incertitude, incompréhension, voire frustration. Dans quels cas le silence fiscal est-il normal ? Quand faut-il s’inquiéter, ou agir ? Cet article fait le point, en croisant les textes légaux, la jurisprudence et les pratiques administratives. Nous nous concentrerons sur trois situations fréquentes : la réponse à une demande de renseignements, à un avis de rectification, et l’introduction d’une réclamation.
L’article 316 du CIR 92 permet au fisc de demander des renseignements au contribuable. Celui-ci dispose d’un mois (parfois plus sur demande motivée) pour répondre.
Mais aucune obligation pour le fisc de réagir dans un délai précis.
Trois scénarios sont ensuite possibles :
Jurisprudence clé :
Point pratique :
Le fisc vous a notifié une proposition de rectification (art. 346 CIR 92). Vous répondez dans le mois. Là encore, aucune obligation de réponse formelle pour l’administration, sauf exception.
Trois situations :
Jurisprudence complémentaire :
Conseil :
Exprimez clairement vos désaccords, avec motifs. Cela oblige le fisc à motiver sa décision et peut ouvrir la porte à une contestation plus solide.
En vertu de l’article 376 du CIR 92, une réclamation est une procédure contentieuse. Ici, le fisc est tenu de délivrer un accusé de réception (art. 376quater CIR 92).
Mais attention ! Cet accusé ne préjuge pas de la validité de votre réclamation (délai, forme…). C’est une réception administrative, pas un jugement de recevabilité (Bruxelles, 2 mai 2014 ; TP Gand, 17 décembre 1998).
Et si le fisc tarde ? Vous pouvez agir en justice si le fisc ne s’est pas prononcé dans les 6 mois (ou dans certains cas 9 mois, voire plus avec médiation).
Conseil pratique :
Situation | Obligation d’accusé de réception | Obligation de réponse | Recours si silence |
Réponse à une demande de renseignements | Non | Non | Aucun, tant que le délai d’imposition court |
Réponse à un avis de rectification | Non | Oui, si refus motivé → décision motivée obligatoire | Aucun, sauf vice de procédure dans la suite |
Réclamation | Oui (art. 376quater CIR 92) | Non (mais décision attendue dans 6/9/13 mois selon les cas) | Action judiciaire possible après 6/9 mois |
Un indépendant reçoit une demande de renseignements le 15 janvier concernant son chiffre d’affaires 2023. Il y répond le 5 février. Aucun accusé de réception ne lui parvient, et il n’a plus de nouvelles. En août, il reçoit un avis de rectification. Peut-il invoquer le silence de l’administration pour contester cette rectification ?
Réponse : non. Le silence du fisc ne vaut pas acceptation. La rectification est régulière si elle est faite dans les délais (ex. jusqu’au 30 juin 2026 en cas de suspicion de fraude). Seule une rectification hors délai ou non motivée peut être contestée.
Face à un silence du fisc, tout dépend du contexte : dans certains cas, il est parfaitement légal et n’ouvre pas de recours. Dans d’autres, il peut déclencher une procédure contentieuse. Connaître ces règles est essentiel pour évaluer la suite à donner et ne pas se méprendre sur les droits du contribuable… ni sur ceux de l’administration. Patience, oui, mais vigilance aussi.