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Transformer la voiture de société en avantage durable et flexible: le potentiel stratégique du budget mobilité

Dans un contexte où les exigences fiscales, environnementales et sociales se croisent de plus en plus étroitement, le budget mobilité s’impose comme une solution à la fois innovante et pragmatique. Instauré par la loi du 17 mars 2019 et adapté à plusieurs reprises depuis, il permet aux entreprises de transformer un avantage classique – la voiture de société – en une réponse durable aux nouvelles attentes des travailleurs.


Cet article est publié dans le cadre de l'émission du "Social TV Show", le rendez-vous de l'actualité sociale à ne pas manquer chaque trimestre pour être mieux informé suer les enjeux de l'employeurs et de ses équipes!


Un mécanisme légal aux multiples facettes

Le budget mobilité repose sur une idée simple : offrir au travailleur la possibilité d’échanger sa voiture de société (ou son droit à celle-ci) contre un budget annuel modulable, à répartir entre différentes options de mobilité. Ce budget est basé sur le coût total de possession (TCO) de la voiture de référence et peut être utilisé dans le cadre des trois piliers suivants :

  • Pilier 1 : une voiture respectueuse de l’environnement (électrique ou hybride selon des critères stricts, avec un maximum de 95g CO₂/km – seuil qui deviendra plus exigeant en 2026) ;
  • Pilier 2 : des alternatives de mobilité durable, comme les transports en commun, les vélos, les solutions de mobilité partagée ou même les frais de logement à proximité du lieu de travail ;
  • Pilier 3 : le reliquat du budget non utilisé, versé au salarié en fin d’année, moyennant une cotisation spéciale de 38,07 %.

L’intégration d’au moins une solution du deuxième pilier est indispensable. L’objectif du législateur est clair : encourager une transformation profonde des habitudes de déplacement tout en gardant un cadre fiscal incitatif.

Une réponse à la transition écologique… mais aussi fiscale

Le succès du budget mobilité, encore limité en volume absolu (0,85 % des travailleurs en Belgique en 2024), est en nette progression. On observe une augmentation significative du nombre de travailleurs optant pour cette formule, en particulier dans les grandes agglomérations comme Bruxelles (où 13,5 % des travailleurs avec voiture de société ont effectué la conversion). Ce chiffre tombe à 3,7 % en Flandre et à 2,5 % en Wallonie, mais la dynamique est enclenchée.

Cette montée en puissance s’explique notamment par une meilleure connaissance du dispositif, par la volonté croissante des employeurs de l’intégrer dans leur politique RH, mais aussi par la pression législative. Le gouvernement De Wever prévoit en effet :

  • de rendre obligatoire la proposition d’un budget mobilité aux travailleurs ayant droit à une voiture de société ;
  • d’ouvrir le système à tous les travailleurs, en étendant l’avantage fiscal au-delà du cercle traditionnel.

Cela répond à une demande forte de flexibilité, de durabilité et de personnalisation du salaire, déjà bien présente dans d’autres dispositifs comme le plan cafétéria.

Un avantage durable… et personnalisable

Le budget mobilité ne se contente pas d’être une mesure verte : il se veut aussi un outil stratégique de différenciation pour l’employeur. Il renforce l’image de marque, soutient la politique RSE, et permet aux collaborateurs de composer leur propre solution de déplacement selon leur situation personnelle.

Ainsi, un travailleur urbain pourra privilégier un vélo électrique et des abonnements STIB/SNCB, tandis qu’un salarié vivant en zone périurbaine pourra investir dans une voiture électrique couplée à un remboursement de ses frais de logement. Cette dimension « multifacette » en fait un levier de satisfaction et de fidélisation, tout en garantissant une neutralité budgétaire pour l’employeur.

Quelles précautions pour une mise en œuvre réussie ?

Toute entreprise désireuse de mettre en place un budget mobilité doit veiller à :

  • respecter scrupuleusement le cadre légal, notamment en ce qui concerne les justificatifs et les plafonds ;
  • documenter clairement les modalités d’activation et d’utilisation du budget (via des politiques internes et avenants contractuels) ;
  • communiquer efficacement auprès des salariés, pour les aider à comprendre les choix disponibles et leurs conséquences (notamment fiscales et sociales) ;
  • digitaliser l’expérience utilisateur, via une plateforme intuitive, capable de centraliser la gestion administrative et d’effectuer des simulations personnalisées ;
  • anticiper les réformes législatives, notamment la suppression progressive des voitures thermiques dans les avantages en nature d’ici 2030.

Conclusion

Le budget mobilité représente une avancée majeure dans la façon dont les entreprises belges abordent la rémunération, la durabilité et la fidélisation des talents. Encore sous-utilisé, ce dispositif est appelé à se généraliser, notamment grâce à la pression législative et à la maturation des attentes sociétales. Pour les employeurs, il s’agit d’un outil puissant – à condition d’en maîtriser les aspects juridiques, fiscaux, opérationnels… et humains.

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