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Télétravailler les pieds dans le sable: ce qu’il faut savoir avant de plier bagage

L'année scolaire touche à sa fin et, avec elle, les traditionnels départs en vacances. Mais plutôt que de prendre des vacances, certains choisissent le workation: de plus en plus de travailleurs belges profitent de la flexibilité offerte par le télétravail pour s’installer temporairement ailleurs – à la mer, dans les Ardennes ou même à l’étranger – tout en continuant à travailler à distance.

Si cette pratique séduit, elle n’est pas sans zones d’ombre.

> Peut-on télétravailler depuis n’importe où, n’importe quand ?

> Quelles règles s’appliquent en cas de séjour prolongé à l’étranger ?

> Fiscalité, sécurité sociale, accidents de travail, matériel : que faut-il savoir avant d’embarquer son ordinateur dans ses valises ?

Catherine Mairy, Legal Expert chez Partena Professional, et Wim Lavaerts Business Manager Global Employment chez Partena Professional font le point sur les implications concrètes du télétravail nomade en 2025.

Le phénomène du "workation" gagne du terrain : comment réagissent les employeurs ?

Travailler temporairement depuis l’étranger séduit de plus en plus de salariés. Mais cette tendance, connue sous le nom de workation, n’est pas sans implications. « Nous constatons que de plus en plus de travailleurs souhaitent exercer leur activité à distance depuis l’étranger, mais ni eux ni leurs employeurs ne mesurent toujours les conséquences potentielles », observe Wim Lavaerts. « Le workation peut sembler flexible, mais une seule journée de trop à l’étranger peut déjà entraîner des répercussions. »

Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, un workation n’est pas des vacances. Il s’agit d’une forme de télétravail, qui ne peut en aucun cas être considéré comme un droit acquis par le salarié. L’accord explicite de l’employeur est indispensable.

« Trop souvent, nous voyons des départements RH qui ne sont même pas informés de ces séjours professionnels à l’étranger », alerte encore Wim Lavaerts. « C’est pourquoi une communication ouverte est essentielle, afin d’évaluer correctement les implications et de limiter les risques. »

Le télétravail doit-il être effectué à partir du domicile du travailleur ?

« Non, pas obligatoirement. Le télétravail peut très bien être effectué dans un autre lieu que le domicile du travailleur. En d’autres termes, si le travailleur décide de faire du télétravail depuis un lieu de villégiature en Belgique ou à l’étranger, il peut le faire mais il devra en avertir son employeur préalablement et avoir son accord. A défaut, on considérera que le lieu d’exécution du télétravail est le domicile du travailleur », nous explique Catherine Mairy, legal Expert chez Partena Professional.

Le télétravail à l’étranger peut-t-il avoir un impact en matière de (para)fiscalité ?

« Oui, le télétravail effectué à l’étranger peut avoir un impact non seulement en matière de fiscalité, et donc d’impôts, mais également sur le plan de la sécurité sociale. Le télétravailleur pourrait en effet devoir payer ses impôts et des cotisations sociales dans le pays où il télétravaille. Néanmoins, ce sera rarement le cas lorsqu’il s’agit d’un court séjour, durant les vacances seulement. Pour éviter des conséquences non voulues en termes de (para)fiscalité, il faudra s’informer en fonction du pays de destination, respecter, le cas échéant, des conditions strictes et/ou accomplir certaines formalités préalables. La concertation entre l’employeur et le travailleur est, ici encore, indispensable », ajoute Catherine Mairy.

Quel est l’équipement nécessaire pour pouvoir faire du télétravail depuis un lieu de villégiature ?

« Le télétravailleur a besoin du même équipement dans son lieu de villégiature que celui qu’il utilise à la maison. Le télétravailleur devra donc se munir d’un PC portable et disposer aussi d’une connexion internet. Il veillera d’ailleurs à s’assurer que la connexion internet est sécurisée, stable et de qualité pour pouvoir effectuer son travail dans les meilleures conditions qui soient. C’est une démarche qui incombe au télétravailleur, mais l’employeur veillera à lui rappeler de bien s’équiper même s’il ne travaille pas de chez lui », précise Catherine.

Et les horaires dans tout ça ?

« Même s’il fait du télétravail dans un cadre dépaysant, le télétravailleur est tenu de respecter le même horaire que celui qu’il preste quand il est à la maison. Il doit rester joignable durant les heures de travail. Prenons le cas d’un travailleur dont la fonction l’amène à être en contact régulier avec des clients, il devra rester disponible pendant les heures d’accessibilité pour la clientèle. Si le travailleur souhaite faire du télétravail dans un pays avec lequel la Belgique a un décalage horaire, cela risque bien évidemment de poser problème. Une concertation préalable avec l’employeur est alors essentielle », rappelle l’experte juridique.

Que se passe-t-il si vous tombez malade ?

Les règles en vigueur au sein de votre entreprise continuent de s’appliquer lorsque vous travaillez temporairement depuis l’étranger. En cas de maladie, informez immédiatement vos collègues, votre supérieur hiérarchique ainsi que le service des ressources humaines. Veillez à ce qu’un certificat médical soit rédigé dans une langue compréhensible pour votre employeur. Celui-ci peut également prévoir un contrôle médical, même durant votre séjour à l’étranger.

Il est également recommandé de demander une Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM) auprès de votre mutualité. Cette carte atteste que vous êtes en ordre avec l’assurance maladie belge et vous donne accès, dans l’Union européenne, aux soins médicaux imprévus. Elle est valable non seulement pendant vos vacances, mais aussi lors du workation.

Que se passe-t-il en cas d’accident ?

Un accident qui surviendrait pendant le télétravail effectué dans un lieu de villégiature ne sera pas automatiquement considéré comme un accident du travail. En fait, l’accident dont serait victime le télétravailleur sera présumé être un accident du travail uniquement lorsque certaines conditions sont remplies. Il faut en effet que l’employeur et le télétravailleur concluent un écrit qui mentionne le lieu du télétravail ainsi que la période durant laquelle le télétravail peut être effectué. Si le travailleur venait à être victime d’un accident sur le lieu indiqué dans l’écrit et pendant la période indiquée dans l’écrit, l’accident en question est présumé être un accident du travail. Ce serait, par exemple, le cas du télétravailleur qui chute dans les escaliers du gîte qu’il loue dans les Ardennes au cours de la journée de travail en matinée, si l’écrit mentionne bien le gîte comme lieu de télétravail et le matin comme période de télétravail. Il faut être bien conscient que s’il n’y a pas d’écrit, le télétravailleur qui aurait un accident risque de devoir prouver qu’il s’agit bien d’un accident du travail.

« Quoi qu’il en soit, il est vivement conseillé aux employeurs, dont les travailleurs télétravaillent ailleurs que depuis leur domicile, de le signaler à leur compagnie d’assurances « accidents du travail » et de vérifier préalablement quels sont les risques couverts en cas de télétravail effectué à l’étranger », conclut Catherine Mairy, legal Expert chez Partena Professional.

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