Des objectifs climatiques ambitieux, étayés par de solides plans de mise en œuvre et d’investissements peuvent fournir des opportunités économiques, débloquer l’investissement et soutenir le développement et la croissance durables, tout en facilitant la transition vers une économie bas carbone, selon un nouveau rapport élaboré conjointement par l’OCDE et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
OECD/UNDP (2025), Investing in Climate for Growth and Development: The Case for Enhanced NDCs, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/16b7cbc7-en.
OECD, United Nations Development Programm
Intitulé Investir dans le climat pour la croissance et le développement : Renforcer les contributions déterminées au niveau national, ce rapport montre qu’aligner les politiques climatiques avec les priorités économiques et sociales peut se traduire par un surcroît de PIB mondial, une réduction accélérée de la pauvreté, un renforcement de la sécurité énergétique et de meilleurs résultats en matière de santé. Ce rapport a été présenté lors de la Conférence mondiale sur les CDN, qui s'est tenue du 11 au 13 juin à Berlin, en Allemagne.
Des progrès nécessaires
Bien que l’action climatique ait nettement progressé au cours des dix dernières années – puisque les investissements dans les énergies propres ont été supérieurs à ceux consacrés aux combustibles fossiles, et que les objectifs de neutralité carbone couvrent maintenant près de 90 % de l’économie mondiale – le rapport souligne que des progrès supplémentaires sont nécessaires. En 2024, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont atteint un nouveau sommet, et la hausse moyenne des températures sur une année complète a dépassé 1.5°C pour la première fois. En vertu de l’Accord de Paris, les pays sont tenus de présenter tous les cinq ans de nouveaux plans climatiques, pour d’avantage réduire les émissions de GES et s’adapter aux effets et risques climatiques qui en découlent, sous la forme de contributions déterminées au niveau national (CDN). Le cycle de CDN de 2025 offre à point nommé l’occasion de rehausser l'ambition collective des pays. À la fin du mois de mai, 22 pays avaient présenté leur nouvelle CDN, sachant que de nombreux autres devraient faire de même avant la 30e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) qui aura lieu en novembre.
Des effets positifs
D’après les analyses présentées dans le rapport de l’OCDE et du PNUD, des CDN renforcées peuvent, si elles sont judicieusement conçues et étayées par de solides cadres de mise en œuvre, permettre simultanément d’obtenir une croissance économique inclusive plus rapide et de réduire les émissions de GES.
Dans un tel scénario, le PIB mondial augmenterait de 60 % environ entre 2022 et 2040, et il serait supérieur de 0.2 % au niveau auquel il s’établirait dans un scénario de maintien des politiques actuelles en 2040. Les arguments économiques qui militent en faveur d’une action climatique ambitieuse deviennent encore plus convaincants sur le long terme lorsqu’on prend en compte les pertes économiques évitées en cas de réduction des risques d’événements climatiques.
Un exercice de modélisation réalisé par l’OCDE indique qu’un scénario dans lequel des CDN plus ambitieuses sont adoptées pourrait se traduire par un surcroît de PIB mondial pouvant atteindre 3 % d’ici à 2050 et 13 % à l’horizon 2100.
Or, ces projections conduisent probablement à sous-estimer l’ampleur des avantages qui découleraient d’une action climatique plus ambitieuse, étant donné que les modèles actuels ne tiennent pas compte des répercussions économiques et sociales négatives qu’aurait le franchissement de points de bascule climatiques critiques – tels que la fonte des calottes glaciaires ou l’inversion des courants océaniques – qui pourrait provoquer des changements graves et irréversibles du système climatique.
« Les données montrent que les pays peuvent renforcer leur croissance, leur développement et leur résilience tout en agissant de manière plus ambitieuse en faveur du climat », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. « Si les bonnes politiques sont en place, des objectifs climatiques ambitieux peuvent contribuer à faire concorder les investissements publics et privés avec un avenir bas carbone, à réduire la pauvreté et à renforcer la sécurité énergétique. Des arguments économiques évidents militent en faveur de stratégies climatiques plus ambitieuses, de nature à attirer les investissements et réalisables. »
« Ce rapport montre que la transition vers des économies plus propres et plus vertes peut de fait favoriser la croissance du PIB – et non l’entraver », a déclaré l’Administrateur du PNUD, Achim Steiner. « Alors que nous tournons notre regard vers l’avenir, il est clair que les économies vertes joueront un rôle moteur pour l’industrie, la mobilité et les systèmes énergétiques, entre autres. Des CDN renforcées, étayées par la Promesse climatique (Climate Promise) du PNUD, constituent donc des engagements forts qui font écho à l’Accord de Paris et à la Convention-cadre sur les changements climatiques, en faveur d’une action plus ambitieuse et d’investissements intelligents propices au développement, à la croissance et au progrès. »
L’action climatique peut avoir des effets économiques et sociaux positifs allant au-delà de l’augmentation du PIB.
Selon le rapport, l’intégration des stratégies climatiques et de développement pourrait aider une personne sur cinq en situation d’extrême pauvreté à améliorer sa sécurité financière d’ici à 2050. Des investissements dans les énergies propres, les transports à faibles émissions et un urbanisme amélioré permettraient en outre d’améliorer la qualité de l’air, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où la pollution liée aux combustibles fossiles reste lourde de conséquences sur le plan sanitaire.
Priorités stratégiques
Pour aider les pays à concrétiser ces avantages, le rapport met en avant un ensemble de priorités stratégiques pour le cycle de CDN de 2025. Il s’agit notamment de faire émerger un engagement politique à haut niveau à l’échelle de l’ensemble des administrations, de faire concorder les objectifs en matière de climat et de développement tant au niveau national que local, d’associer d’emblée le secteur privé, d’optimiser l’utilisation des finances publiques et de l’aide internationale, de renforcer les institutions financières publiques et internationales, ainsi que de veiller à l’adoption d’approches inclusives soutenant ceux qui sont les plus durement touchés par la transition.
L’OCDE continue d’aider les pays à améliorer la conception et la mise en œuvre de leurs engagements climatiques en contribuant à l’analyse des politiques, au renforcement des capacités et au dialogue international. Tandis que les pays se préparent à la COP30 qui se déroulera à Belém, au Brésil, ce rapport apporte à point nommé un éclairage sur la façon dont l’action climatique peut servir de fondement à la prospérité à long terme et au développement durable nécessaire aux générations actuelles et futures.
Ce rapport a été présenté lors de la Conférence mondiale sur les CDN, qui s'est tenue du 11 au 13 juin à Berlin, en Allemagne.