Une étude menée par le prestataire de services RH Partena Professional, en collaboration avec le professeur en économie du travail Stijn Baert, a déjà mis en lumière la réalité du « Salary-Tabou » chez les travailleurs belges : bien que les entreprises seront bientôt obligées de rendre les salaires transparents, moins de la moitié des employés ose réellement poser la question.
Que révèle-t-on suite à l’enquête complémentaire ? Le « Salary-Tabou » ne se limite pas à la sphère professionnelle : 12 % des Belges en couple ignorent le salaire de leur partenaire, et deux travailleurs belges sur trois ne savent pas combien gagne leur meilleur(e) ami(e).
« Ce n’est pas que nous ne sommes pas curieux du salaire des autres, mais nous ressentons surtout une grande gêne à l'idée d'aborder ce sujet », explique Yves Stox, Managing consultant chez Partena Professional.
Six travailleurs belges sur dix (62 %) ignorent ce que gagne leur collègue direct. En ce qui concerne le salaire du patron ou du supérieur hiérarchique direct, 86 % des employés restent dans l'ombre. C'est ce qui ressort d'une étude menée par Partena Professional en collaboration avec le professeur en économie du travail Stijn Baert. Plus marquant encore est le fait que 16 % des hommes connaissent le salaire de leur patron, contre seulement 12 % des femmes.
Si le « Salary-Tabou » est donc bien ancré, il est frappant de constater que le véritable tabou réside moins dans le sujet lui-même que dans la difficulté d’en discuter.
« Notre étude montre que 14 % des travailleurs belges sont à l’aise de parler de salaire. En revanche, 50 % déclarent ne pas du tout apprécier d'aborder ce sujet. Pourtant, en creusant un peu plus, il apparaît que la majorité des Belges n'ont en réalité aucun problème avec la transparence salariale : 69 % accepteraient que leurs collègues sachent combien ils gagnent. Il semble donc que ce qui nous gêne surtout, c'est d'engager la conversation à ce sujet », conclut Yves Stox, Managing consultant chez Partena Professional.
« Les néerlandophones semblent plus ouverts à une discussion sur les salaires que les francophones en Belgique, tandis que la génération Z, et dans une moindre mesure la frange la plus jeune des Millennials, semble également moins freinée par les tabous à ce sujet », analyse le professeur en économie du travail Stijn Baert. « Les travailleurs de moins de 35 ans estiment qu’il est acceptable que leurs collègues connaissent leur salaire (77 %) et n’hésitent pas à avouer qu’ils sont curieux de savoir ce que gagnent leurs pairs (69 %). »
Le « Salary-Tabou » ne se limite pas au lieu de travail, il s'invite aussi dans nos amitiés et relations. Selon l’étude de Partena Professional, 12 % des Belges en couple avec un(e) partenaire salarié(e) ignorent ce que l’autre personne gagne. « Il est intéressant de souligner qu’il n’y a pas de différence notable entre les générations, mais bien entre les différentes régions du pays : parmi les Belges francophones, 1 sur 5 (20 %) ne connaît pas le salaire de son partenaire », explique le professeur en économie du travail Stijn Baert.
« En revanche, nous observons un fossé générationnel dans le domaine du cercle d’amis. Deux travailleurs belges sur trois (70 %) ignorent ce que gagne leur meilleur(e) ami(e). Mais chez les Belges de moins de 35 ans, ce pourcentage chute à 59 % », indique Yves Stox, de Partena Professional. « Par contre, en ce qui concerne le ‘Salary-Tabou’ dans la sphère privée, il n'y a pas de différences significatives entre les hommes et les femmes, ni entre les personnes hautement qualifiées et celles ayant moins de formation. »