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​Du Libra de Facebook aux Stablecoins

Il y a quelques années, j’avais cru et écrit que le Libra, une monnaie digitale initiée par Facebook en 2019, serait une révolution monétaire. Cette devise aurait été garantie par des placements dans diverses devises, sous forme de titres à revenus fixes et de dépôts bancaires. J’avais écrit dans l’Echo, en juin 2019, « Facebook devient un État. En avril 2018, le CEO de Facebook avait dit: ‘Facebook is more like a government than a traditional company’…C’est un nouvel ordre moral et marchand…Avec le Libra, le capitalisme crée sa propre monnaie privée, mondialisée et digitale »

L’idée fut finalement abandonnée, et mon intuition contrariée.

Cependant, cette intuition n’était peut-être pas si erronée, car les stablecoins privés américains, comme l’USDC de Circle, fonctionnent sur un modèle similaire. Le modèle économique de Circle repose sur l’émission et la gestion de l’USDC, un stablecoin adossé au dollar américain à une parité de 1:1. Lorsqu’un utilisateur achète de l’USDC, Circle investit ces fonds dans des actifs sûrs, principalement des bons du Trésor américain et des dépôts bancaires, qui génèrent des intérêts. Ces intérêts constituent une source de revenus pour Circle, tout en maintenant la stabilité de la valeur de l’USDC.

Les stablecoins comme l’USDC n’ont pas de statut de cours légal, car ils ne sont pas émis par une autorité souveraine, telle que la Réserve fédérale. Leur adoption croissante, soutenue par des partenariats avec des géants comme Visa, Mastercard ou des plateformes comme Coinbase, soulève néanmoins la question de leur reconnaissance légale à long terme. Par exemple, des incitations comme des remises sur des plateformes comme Amazon pourraient accélérer leur usage, créant un écosystème monétaire parallèle. Cependant, sans statut de cours légal, leur acceptation repose sur la confiance dans leurs réserves et sur la volonté des acteurs privés de les intégrer dans leurs transactions. Une reconnaissance comme cours légal nécessiterait une réforme législative majeure, improbable à court terme, mais envisageable dans un contexte de transformation profonde du système financier mondial.

De plus, si les stablecoins deviennent la base d’un circuit bancaire parallèle, permettant des dépôts, des emprunts et des transactions en dehors des systèmes bancaires traditionnels, ils pourraient donner naissance à un véritable circuit monétaire parallèle. Ce systèmesoulèverait des défis réglementaires et des questions de stabilité financière, notamment en cas de crise de confiance chez les émetteurs de stablecoins.

Les monnaies digitales des banques centrales (CBDC) tendent à nationaliser la monnaie en la plaçant sous le contrôle direct des autorités monétaires, tandis que les stablecoins émis par des institutions privées, comme Circle, conduisent à une forme de privatisation de la monnaie. Ces deux approches, bien que concurrentes, reflètent une transformation profonde du paysage monétaire mondial.​

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