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​C’est fait: Trump a mis la Federal Reserve échec et mat en 15 jours.

La Banque centrale américaine (Federal Reserve) a plusieurs missions conjointes, dont la surveillance de la parité de change du dollar, mais surtout le contrôle du niveau des prix et de l’activité économique. L’atteinte de ces objectifs est parfois contradictoire, raison pour laquelle la Federal Reserve agit toujours de manière pondérée.

Par ailleurs, la mondialisation du commerce a incontestablement contribué, sauf exceptions singulières comme l’augmentation des prix énergétiques en 2022, à une désinflation globale. En effet, la fluidité du commerce, combinée à l’utilisation de surplus d’épargne et à l’émergence de gisements d’emplois à bas salaires, a permis de contenir la hausse des prix à l’échelle mondiale.
On comprend donc que les tarifs douaniers imposés par Trump sont doublement inflationnistes. Non seulement ils fragmentent le multilatéralisme commercial, mais ils conduisent aussi à une inflation américaine sur tous les biens importés pour lesquels il n’existe pas de substitut local.

La Federal Reserve avertit donc que les États-Unis vont faire face à une augmentation de l’inflation, mais aussi à un risque de ralentissement de l’activité économique. Le contrôle de l’inflation devrait conduire à une hausse des taux d’intérêt (pour freiner la consommation et l’investissement), tandis que la stimulation de l’activité économique exigerait l’inverse.

Que va faire la Federal Reserve ? À mon intuition, c’est très clair : elle va laisser filer l’inflation au profit du niveau d’activité économique, d’autant que Trump souhaite réindustrialiser les États-Unis et martèle que les taux d’intérêt américains sont trop élevés. C’est exactement le même scénario que celui des années soixante-dix auquel, privilège ou désespérance de l’âge, je me réfère souvent, puisque ces années furent ma matrice d’étude de l’économie.

Il en résultera un dollar plus faible et probablement une inflation qui se diffusera dans le monde occidental. En effet, on ne peut pas exclure, même légèrement, une course à la dépréciation qui conduirait à importer de l’inflation. Nous nous dirigeons donc vers un contexte de stagflation (c’est-à-dire une combinaison de stagnation économique et d’inflation) dont, comme dans les années soixante-dix, personne n’a su sortir efficacement puisque les objectifs sont contradictoires. Et, comme dans les années soixante-dix qui ont vu le basculement de l’économie manufacturière vers celle des services, c’est aujourd’hui l’intelligence artificielle qui est le moment charnière.

Les prochaines années vont donc être très moroses, écartelées entre une mondialisation étiolée, des devises instables, de l’inflation importée, et tout cela dans un contexte de vieillissement.

C’est pour cette raison qu’il est impératif que les États européens redéployent des plans d’investissements massifs, au prix certes d’une augmentation de l’endettement public, comme le rapport Draghi l’avait préconisé.

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