Nous vivons des temps de grandes et multiples ruptures : ils feront la différence entre les entreprises gagnantes et les autres.
Si j’ai dirigé plusieurs entreprises au cours de ma carrière, c’est la stratégie et la prospective économiques qui m’ont toujours fasciné et façonné, en écho à mes engagements académiques et à mon travail de conférencier et d’auteur.
Une observation m’a souvent frappé – et je dois confesser que mon expérience en tant que CEO de la Bourse de Bruxelles pendant la crise de 2008, puis comme Deputy CEO d’Ageas lors de la crise souveraine, m’a très profondément marqué puisqu’il fallait penser l’impensable : le manque d’anticipation des situations extrêmes.
Les entreprises ne sont, de manière générale, pas préparées et la même chose est notable dans le secteur public et politique. On subit et on s’adapte ensuite faute d’avoir été prospectif. Mais donc on n’est pas à la hauteur. La vie des entreprises n’est pas une guerre de positions mais de mouvements très agiles.
Or, nous traversons – et ce n’est que le tout début – des ruptures profondes, touchant des domaines aussi variés que la géographie, l’économie, la monnaie, le social, la politique, la géopolitique, l’énergie ou encore le militaire.
Tous nos référentiels seront bousculés car réducteurs, et l’intelligence artificielle sera une exigence par son exploitation et par ses propres dynamiques.
Dans une économie mondialisée et globalisée, l’entre-soi local, amical, de connivence seront des obstacles évidents. Car le tropisme devient un obstacle dans un monde mouvant.
On l’a souvent vu en Belgique, pays désormais déclassé, où il est plus important d’être à un cocktail ou dîner mondain qu’à sa table de travail en solitude et à son labeur.
Beaucoup de conseils d’administration ne sont pas du tout outillés pour envisager des scénarios non linéaires.
Cela tient à deux raisons principales :
Le raisonnement est déductif : il doit désormais être plus INDUCTIF.
C’est pourquoi le rôle et la responsabilité des administrateurs deviennent plus cruciaux et doivent être exercés avec une acuité accrue.
Comme me l’a dit le cofondateur et CEO d’I-Care, Fabrice Brion, une société remarquable et unique dont j’ai l’honneur d’être administrateur, c’est dans les moments de transition que la différence se manifeste entre les entreprises. Celles qui se contentent de projections linéaires seront perdantes.
Que faut-il donc exiger de soi-même à tout moment ?
Une discipline rigoureuse : de l’intelligence, de l’étude permanente, de la curiosité, une solide culture générale chaque jour entretenue et, surtout, SURTOUT, une intuition éduquée.