Découvrez les nouveautés 2025 de la déclaration à l’impôt des personnes physiques, cadre par cadre

Le 26 mars 2025, le Moniteur belge a publié les formulaires officiels pour la déclaration à l’impôt des personnes physiques (exercice d’imposition 2025, revenus de 2024). Les changements introduits cette année sont minces, et pour cause : une année électorale suivie de longues négociations et vous avez de quoi faire une déclaration presqu'immobile. Cette année seuls 30 nouveaux codes apparaissent tandis que 24 disparaissent : bilan une variation de 6 codes dans chaque région (7 pour Bruxelles).

FiscalitéF.F.F.Déclaration IPP exercice 2025 - modèles documents préparatoires


Pour faciliter votre remplissage, rappelons que la déclaration à l’IPP se scinde en deux grandes parties et se complète d'annexes obligatoires :

  • Partie 1 : Cadres I à XI
  • Partie 2 : Cadres XVI à XIX
  • Annexes obligatoires

Nous passons ici en revue, cadre par cadre, les principales évolutions, en soulignant les rubriques ou lignes concernées et en détaillant leur impact pour les contribuables.


Partie 1 : Cadres I à XI

Cadre IV – Revenus professionnels des salariés et assimilés

Le cadre IV est l’un des plus impactés par les changements 2025, avec l’ajout de nouvelles rubriques pour les indemnités vélo, les heures flexi-job, etc.

1. Rubrique 7 : Indemnités et avantages vélo

Nouveauté : Désormais, vous devez mentionner dans la rubrique 7 du cadre IV toute indemnité kilométrique perçue pour vos déplacements domicile-lieu de travail en vélo (ou trottinette électrique, vélo électrique, etc.) ainsi que les avantages en nature relatifs à un “vélo de société”.

  • L’administration souhaite identifier si vous demandez l’exonération pour ces revenus tout en optant pour le forfait de frais professionnels (ce qui est autorisé).
  • Si vous déduisez plutôt vos frais réels, alors la partie “indemnités vélo” est en principe imposable (car vous ne pouvez pas cumuler déduction de frais réels et exonération intégrale de l’indemnité).

Limites d’exonération : 0,35 EUR/km et 3 500 EUR/an sont totalement exonérés si vous êtes au forfait de frais. Le surplus est imposable.

Pas de changement réel. En réalité, la déclaration fiscale ne change pas : les codes restent les mêmes. Il faut donc simplement les utiliser pour des déclarations complémentaires. Le code *254 pour le remboursement des déplacements domicile-travail et un code distinct permet de revendiquer l’exonération (*255).

2. Rubrique 11 : Flexi-jobs (non-pensionnés)

Nouveauté : Les revenus flexi-job restent exonérés à 100 % pour les pensionnés (ceux-ci ne sont donc pas repris dans la déclaration). En revanche, pour les non-pensionnés, une exonération plafonnée à 12 000 EUR/an s’applique depuis 2024. Le surplus est imposé aux taux progressifs.

Contrôle : Les revenus sont mentionnés dans la fiche 281.10 transmise par l’employeur et permet à l’administration de vérifier le cumul éventuel de plusieurs flexi-jobs et de taxer la partie dépassant le plafond annuel.

Nouveautés : Les montants perçus doivent figurer dans la nouvelle rubrique 11, code *262.

3. Rubrique 12 : Indemnités des pompiers volontaires, ambulanciers, protection civile

Les indemnités des pompiers volontaires, ambulanciers et civils volontaires perçues sont exonérées jusqu’à 7 310 EUR. Au-delà, elles sont imposables.

Nouveauté : Dorénavant le contribuable à l'obligation de mentionner ces montants dans la rubrique 12 du cadre IV (ex. code *391). L’administration peut ainsi détecter si vous travaillez pour plusieurs corps de pompiers/ambulances et dépassez le seuil global (ce qui provoquera l'imposition sur l'excédent).

4. Rubrique 13a à 13c : “Heures de relance

Poursuite du régime : Les heures supplémentaires prestées en 2024 sans sursalaire (appelée également heures de “relance”) (jusqu’à 120 heures) restent exonérées.

Nouvelles (et anciennes) sous-rubriques :

  • 13a : pour les heures de 2024,
  • 13b/c : pour des heures de 2022/2023 payées en 2024 (report).
  • Anciennes heures (2021) : Ne figurent plus dans la déclaration, le délai étant échu.

5. Rubrique G : Heures supplémentaires avec sursalaire

Ces heures ne sont pas exonérées mais ouvrent droit à une réduction d’impôt (plafond de 180, 280 ou 360 heures selon votre secteur).

  • 360 heures pour l’horeca,
  • 180 heures pour la plupart des autres secteurs,
  • 280 heures pour certains chantiers de construction soumis à des obligations de travail le dimanche/la nuit.

Nouveauté : La déclaration nous introduit une "sous-case" spécifique pour le plafond intermédiaire de 280 heures (par ex. certaines entreprises de construction travaillant dimanche/nuit). On y trouve un code nouveau (ex. *238).

6. Rubrique K2 : Bonus à l'emploi (crédit d’impôt)

Le bonus à l'emploi accordé aux bas salaires permet un crédit d’impôt remboursable (même si vous n’avez pas assez d’impôt à payer, ce qui signifie qu'il devient dans ce cas remboursable).

Nouveauté : Depuis le 1er avril 2024, la partie du bonus à l'emploi pour les plus bas salaires peut bénéficier d’un taux plus élevé (52,54 %) au lieu de 33,14 %. La déclaration 2025 prévoit donc une double mention pour distinguer la partie A (33,14 %) de la partie B (52,54 %). Désormais, on trouve dans la déclaration deux sous-codes différents (dans le cadre IV, rubrique K2, et au cadre XVI pour les dirigeants “salariés”).

Cadre VII – Revenus de droits d’auteur (rubrique D)

Suppression de la transition IT : En 2023, le secteur informatique (IT) exclu du régime standard des droits d’auteur pouvait encore bénéficier d’une dernière année transitoire. Cette possibilité prend fin pour les revenus 2024, et les codes correspondants disparaissent.

Pour les autres créateurs, la limite des 73 070 EUR (pour considérer les droits d’auteur comme revenus mobiliers) demeure. Les nouvelles règles “30 % / 4 ans” (la « règle des 30 % » et la limite de quatre ans) sont déjà d’application depuis la réforme de fin 2022, ils n’entraînent donc plus de changement de cases en 2025.

Rappel. Il est dans l’intention du nouveau gouvernement fédéral de réintégrer le secteur IT dans le champ du régime forfaitaire des droits d’auteur, probablement à partir de l’exercice d’imposition 2026. Ceci pourrait à nouveau affecter la déclaration à l'avenir.

Cadre IX – Dépenses donnant droit à un avantage fiscal (intérêts et amortissements de capital)

1. Bonus logement fédéral (régime transitoire)

Certains prêts “anciens” (signés avant 2014) ouvraient droit à une majoration du bonus logement pendant les 10 premières années et prenait place dans la déclaration depuis la 6E réforme de l'Etat. Ces anciens crédits donnaient encore droit à une réduction d’impôt au taux marginal pouvant aller jusqu’à 50 % mais devaient avoir été conclu au plus tard en 2014. La période de dix ans durant laquelle la majoration pouvait être octroyée est définitivement révolue pour ce type de prêt. En conséquence, dix codes essentiellement techniques aux rubriques I2b du cadre IX flamand et wallon, et à la rubrique I1b du cadre IX bruxellois disparaissent.

Suppression : Les codes liés à cette majoration éteinte (dans les rubriques I2b pour la Flandre/Wallonie et I1b pour Bruxelles) sont donc supprimés en 2025.

2. Réduction fédérale pour épargne à long terme

Les emprunts hypothécaires souscrits après le 1er janvier 2024 pour financer un bien autre que l’habitation propre (ex. résidence secondaire) ne sont plus éligibles à la réduction “épargne à long terme” au niveau fédéral.

Mention spéciale “jusqu’en 2023” (à la rubrique B4b1) : Cette précision a été ajoutée pour clarifier que seuls les prêts conclus avant 2024 peuvent encore en bénéficier.


Cadre X – Investissements donnant droit à un avantage fiscal

Covid-taxshelter : Les réductions d’impôt (et reports) liées à la souscription d’actions en 2020 et 2021 dans le cadre du tax shelter COVID ne sont plus reportables au-delà de 3 ans. Les codes associés ont donc été retirés. Les investissements de 2021 peuvent encore bénéficier d’un report tant que leur délai n’est pas échu.

Suppression : deux codes de la rubrique I de la partie fédérale du cadre X ont donc été supprimés.


Cadre XI – Crédits d’impôt régionaux (Proxi, etc.)

Prêt Proxi (Bruxelles) : lorsque la PME ne rembourse pas le prêt proxi et qu'il y a donc une perte définitive pour l'investisseur, celui-ci bénéficie d’un crédit d’impôt compensatoire de 30 %.

Nouveauté : Si la PME est reconnue “exemplaire” sur le plan social et environnemental (exemple : une PME emprunteuse qui contribue largement au développement d’une société plus inclusive ou à l’adaptation au changement climatique conformément à l’article 9 de l’Ordonnance du 17 mars 2023), ce crédit d’impôt est porté à 50 %. Deux codes (rubrique 2a et 2b) ont été créés pour distinguer ces situations.

Cette mesure (deux codes supplémentaires), associée à la disparition de la réduction d’impôt pour la rénovation de logements loués via une agence immobilière sociale (un code en moins au cadre X), explique pourquoi la déclaration bruxelloise s’enrichit de sept nouveaux codes, au lieu de six.


Partie 2 : Cadres XVI à XIX


Cadre XVI – Rémunérations de dirigeants d’entreprise

1. Rubrique 5 : Vélo et indemnités de déplacement

Analogies avec le cadre IV : Les dirigeants recevant une indemnité kilométrique pour un vélo ou disposant d’un vélo de société (ou autre cycle) doivent désormais déclarer ces montants en rubrique 5 (codes *432 et *433 pour l’exonération, *432 correspondant à la partie à déclarer, *433 pour la revendication de l’exonération).

Limite d’exonération : 0,35 EUR/km, max. 3 500 EUR exonérés, le surplus est imposable. Contrairement aux salariés, le dirigeant ne peut pas imputer la déduction forfaitaire supplémentaire “domicile-travail” de 490 EUR pour la partie qui dépasse 3 500 EUR.

2. Rubrique 7 : Heures supplémentaires “relance”

Principe : Si le dirigeant a également un statut d’employé ou a presté des heures identiques à celles du cadre IV, il peut bénéficier de l’exonération sur 120 heures “relance”.

Nouvelles sous-rubriques (7a, 7b, 7c) : même logique de répartition que pour les salariés (avec la distinction 2024, 2023, 2022).

3. Rubrique 16 : Crédit d’impôt pour faibles revenus

Pourquoi un changement ? : Certaines rémunérations de dirigeants sont exclues du calcul du crédit d’impôt pour faibles revenus (ex. dirigeant-étudiant, activité complémentaire, etc.). Or, maintenant, on inclut aussi les revenus “vélo” éventuels dans cette exclusion si le dirigeant a opté pour les frais réels.

Nouveauté : À partir de cette déclaration, la rubrique 16 du cadre XVI fait la distinction entre les rémunérations ordinaires exclues du calcul du crédit d'impôt, d’une part, et les indemnités et avantages vélo exclus du calcul du crédit d'impôt, d’autre part. Ces derniers revenus figurent à côté du nouveau code *420.

Bon à savoir. Si le dirigeant opte pour l’allocation forfaitaire légale, le montant suivant sera déduit le cas échéant des revenus d’activité donnant droit au crédit d’impôt : [la partie non exonérée de l’indemnité vélo x le montant au code *420 / le montant au code *432].


Cadre XIX – Autres crédits d’impôt (notamment pour employeurs et éditeurs)

Trois nouveaux crédits d’impôt apparaissent, ciblant surtout les personnes morales, mais qui peuvent concerner des employeurs personnes physiques :

1. Rubrique 6 : Crédit d’impôt pour la revalorisation facultative de l’indemnité vélo

En 2023, un “crédit d’impôt CCT 164” avait été mis en place pour encourager certaines entreprises à porter l’indemnité vélo à 0,27 EUR/km.

Nouveauté : Un second crédit d’impôt s’ajoute si l’employeur (non couvert par la CCT 164 ou désirant aller au-delà de 0,27 EUR) augmente volontairement la prime vélo en 2024-2026.

Le nouveau crédit d’impôt s’adresse aux employeurs qui ne relèvent pas de cette CCT ou qui octroient une indemnité kilométrique vélo supérieure à 0,27 EUR.

Calcul technique : Le calcul du crédit d’impôt est complexe. Il dépend du nombre de kilomètres indemnisés et de la hausse consentie. L’employeur personne physique doit reporter le montant dans cette rubrique 6 de la déclaration IPP pour en bénéficier.

2. Rubrique 7 : Crédit d’impôt pour les éditeurs de journaux et périodiques

Compenser la fin de la concession bpost, qui renchérira les coûts de distribution, les éditeurs devant justifier un surcoût peuvent réclamer un crédit d'impôt activable ici.

Champ d’application : 2024 à 2026. Dans la pratique, ce crédit sera principalement demandé en société, mais il existe un code pour les éditeurs indépendants (personnes physiques).

Nouveauté : nouveau code à la nouvelle rubrique 7 du cadre XIX de la déclaration.

3. Rubrique 8 : Crédit d’impôt pour l’augmentation de la participation patronale au train

Afin d'encourager les employeurs (2024-2027) à augmenter leur intervention dans l’abonnement de train pour le trajet domicile-travail, le législateur a mis en place un crédit d'impôt. Le calcul du crédit d’impôt est complexe.

Rubrique concernée : la rubrique 8 du cadre XIX. Un calcul spécifique est requis, tenant compte de la hausse effective par rapport à une référence antérieure.


Annexes

Deux annexes : 276 CJC / 270 MLH

Les annexes de déclaration introduites l’an dernier et intégrées à la déclaration pour les personnes soumises à la taxe Caïman (formulaire 276 CJC) ainsi que pour les locataires déclarant leur loyer comme frais professionnels (formulaire 270 MLH) sont maintenues.

276 CJC. La taxe Caïman regroupe divers dispositifs visant des « constructions juridiques » peu ou non imposées dans leur État de résidence et impose leur déclaration dans la déclaration fiscale (rubrique C, code 1077), sous peine d’une amende de 6 250 euros par an et par construction. Cette obligation s’est étendue (loi-programme du 22 décembre 2023) depuis le 1ᵉʳ janvier 2023 et implique, depuis l’exercice d’imposition 2024, l’ajout d’une annexe 276 CJC comportant des informations complémentaires (voir « La taxe Caïman élargie »).

270 MLH. Parallèlement, la loi du 28 novembre 2023 instaure une obligation déclarative pour les locataires ou titulaires de droits réels (usufruit, emphytéose, superficie, servitude) affectant un bien à des fins professionnelles : ces loyers ou indemnités, bien que fiscalement déductibles pour le locataire, sont déclarés dans la rubrique E (codes 1072/2072) et permettent à l’administration de contrôler l’imposition effective des propriétaires sur base du montant réellement perçu (après un abattement de 40 %), ce qui constitue le seul cas, en matière d’impôt des personnes physiques, où l’on s’écarte du revenu cadastral forfaitaire pour taxer un revenu immobilier.


Conclusions

La déclaration à l’IPP pour l’exercice d’imposition 2025 s’enrichit de nouvelles cases et se débarrasse de codes devenus sans objet. Les indemnités vélo (salariés ou dirigeants) et les flexi-jobs pour les non-pensionnés apparaissent au grand jour, afin de vérifier les plafonds d’exonération. Les heures supplémentaires conservent leurs codes distincts entre “relance” et heures majorées, mais avec des limites sectorielles précisées.

Des crédits d’impôt nouveaux (cadre XIX) voient le jour pour les employeurs (hausses d’indemnités vélo, intervention train, éditeurs de presse). Inversement, des régimes plus anciens, tels que la majoration du bonus logement et la transition IT pour les droits d’auteur, disparaissent.

Vous avez désormais une cartographie plus détaillée des rubriques concernées dans les deux parties de la déclaration (cadres I à XI, puis XVI à XIX). Nous ne manquerons pas de revenir avec de nombreux autres détail et commentaires, notamment dans le cadre de la sortie de la nouvelle édition de notre manuel IPP 2025.

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