Comment la pensée dominante impose un modèle de réflexion figé sur le passé et empli de contradictions ? Innovons !

Le monde politique doit prendre conscience que la fiscalité n’est pas une vache à lait au service de ses ambitions, mais un outil de redistribution, de stimulation ou de découragement.

Conscient de cette réalité, il devrait opter massivement pour le changement par l’innovation plutôt que le changement par l’interdit ou la sanction. La crise du covid nous rappelle combien plus d’innovation anticipée pourrait s’avérer judicieuse.

Illustration au travers de deux enjeux symboliques, où l’avenir s’efface sous la pression des lobbys et idéologues en action.



L’abominable nucléaire …

« La centrale nucléaire est un fardeau. Une ignoble machine à produire des déchets. Rien d’autre ». Pendant que de nombreux écologistes et protecteurs de l’environnement s’affairent autour de cette idée, d’autres imaginent une autre voie, celle d’un nucléaire propre.

Alors que le nucléaire est devenu un sujet pestiféré, de l’autre côté de l’Atlantique et de l’océan Indien, des hommes s’agitent. Examinons cela d’un peu plus près.


Depuis quelques années, Bill Gates investit dans les « cleantechs », des technologies dites propres sur le plan environnemental. Il est ainsi à la tête du fonds « Breakthrough Energy Ventures » et de la start-up « Terra Power ». En 2018, il déclarait : « que « (…) le seul moyen d’éviter les pires scénarios de changement climatique consiste à réaliser des percées en matière d’énergie propre ». Depuis, il investit massivement dans un réacteur de 4e génération, réacteur à onde progressive, appelé « Travelling Wave Reactor », ou « réacteur cigare ». À la différence des réacteurs actuels de type REP ou REB, qui utilisent de l'uranium enrichi, ce réacteur potentiel convertit lui-même son combustible, qui peut être de l'uranium naturel, de l'uranium appauvri ou du thorium, en produit fossile. Son grand avantage serait qu’il pourrait brûler les déchets nucléaires existants, et ne plus en produire de nouveaux. Face à cet enjeu, Chine et États-Unis s’agitent. Bill Gates a annoncé en avril 2016 que le prototype de réacteur à onde progressive de TerraPower sera construit en Chine pour une mise en service prévue en 2024, tandis que Trump s’oppose à ce projet au travers de la guerre commerciale avec comme objectif dans ce cas-ci, de conserver ce leadership au pays de l’Oncle Sam. La Chine envisage de construire 600 centrales nucléaires…


Parallèlement, Tom Scott, directeur du Southwest Nuclear Hub, a annoncé que lui et son équipe de 12 chercheurs avaient réussi à encapsuler des matières radioactives à l'intérieur de diamants. En encapsulant ce matériel dans un diamant artificiel, on provoque une cascade d’électrons qui génèrent un courant électrique durable via des piles en diamant sans rayonnement radioactif extérieur. L’intérêt cette fois est que l’énergie de cette pile provient des déchets radioactifs du carbone 14 (qui sont neutralisés) tout en produisant de l’énergie verte sur une très longue durée. Une super batterie verrait le jour tandis que les déchets nucléaires trouveraient une voie salutaire…

Plus près de chez nous, Myrrha (c'est du Belge!) développe un accélérateur de particules qui a pour conséquence de consommer des déchets nucléaires et d’en réduire ainsi les quantités et les effets négatifs très sensiblement.


Savez-vous qu’une centrale nucléaire de 1000 MW dégage 3,5 tonnes de CO2 par an et consomme 100 millions de tonnes de charbon ?

Tandis que les États-Unis et la Chine s’éveillent sur le nucléaire aux nouvelles perspectives, la Belgique s’aveugle face à cette opportunité pour des raisons purement idéologiques. La France, leader mondial, pourrait en payer l’addition, bien qu’elle réfléchisse dorénavant à créer une filière d’hydrogène vert reposant sur son nucléaire. Parallèlement, les Pays-Bas et la Pologne s’engagent chacun à bâtir de nouvelles centrales sur leurs territoires. Sous le plan sanitaire, à quoi servirait l’exclusion de cette énergie en Belgique si notre voisin le plus immédiat s’engage dans un nouveau plan de développement ? Une situation qui nous rappelle les intérêts notionnels qui se sont effacé pour les « intrest box » hollandais voyant dans la foulée de nombreux centre de coordination quitter notre pays en empruntant la « kaasroute ».



…et l’infréquentable diesel.

Dans un autre registre, et constatant que le transport routier est une des principales sources d’émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effets de serre (GES) en Région de Bruxelles-Capitale (RBC), le 31 mai 2018, le Gouvernement de ladite Région s’est fixé divers objectifs dont l’interdiction des véhicules diesel au plus tard en 2030. Vous lisez bien l’interdiction ! Il est vrai que le transport routier est à lui seul responsable de 69% des émissions d’oxydes d’azote, de 35% des émissions de particules PM10 et de 30% des émissions de particules plus fines PM2.5. Le transport est également un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre.


Et pourtant, il y a quelques mois, Test Achat et un consortium européen dénommé Green CAP, ont testé 17 véhicules diesel en vue d’évaluer leur impact environnemental. Le test mesure les oxydes d’azote (NOx), les particules fines, les hydrocarbures non brûlés et le monoxyde de carbone. Trois des 17 véhicules obtiennent un score de 3 étoiles sur 5, mais surtout l’un d’entre eux, la Mercedes-Benz C220d, obtient un score inédit de 10/10. Avec ce résultat, cette voiture est aussi verte qu’une … voiture électrique. Allez comprendre…. Même Test-Achat, grand détracteur du diesel, déclare dorénavant que le diesel a retrouvé ses lettres de noblesse.


Alors qu’il serait impossible de ne pas produire de diesel parallèlement à l’essence (un baril de pétrole transformé induit nécessairement un mix énergétique si vous ne souhaitez pas de déchets), il est aujourd’hui encore des responsables publics qui osent s’aventurer sur ce sujet sans en évaluer les conséquences. Il ne faut pourtant pas remonter si loin (années 70) pour se rappeler qu’à l’époque, des tankers déversaient massivement du diesel dans les océans, car il n’existait pas assez de débouchés pour cette énergie fossile. 50 ans plus tard, nous serions prêts à ignorer que pour chaque baril d’essence il faut assurer l’usage d’une dose d’essence, de diesel, de gaz, de plastique … au risque de ne savoir qu’en faire. Pourquoi ne pas se résoudre à l’utiliser proprement ?



Le comble : électrique et absence de nucléaire

D’un absurde à l’autre, de nombreux environnementaux imaginent le monde de demain composé des seules voitures électriques… dont l’électricité serait produite au départ d’énergie verte et… d’autres énergies nécessairement productrices de CO2. Dans le même temps, la fabrication des véhicules électriques et de leurs batteries produit à certains endroits des conséquences environnementales lourdes…Très honnêtement : cherchez l’erreur.



Le futur change nos paradigmes sans cesse

Ces deux illustrations sont patentes. Deux exemples de la vie quotidienne où, pour des raisons de principe, le futur et nos perspectives d’innovation sont niés au profit d’une position conservatrice.


Interdire ou fiscaliser, ce n’est pas innover. La fiscalité peut encourager l’innovation lorsqu’elle la stimule financièrement ou qu’elle pénalise l’acteur professionnel pour son comportement non durable. Engager des politiques qui poussent nos acteurs économiques à prendre le leadership ou le conserver est essentiel. En accaparant celui de la voiture électrique, la Chine a bien compris cet enjeu alors que notre industrie européenne disposait du leadership en matière de voiture essence et diesel. Tandis que l’industrie biotech promet de créer des milliers d’emplois dans un avenir proche, pourquoi ne pourrions-nous pas établir des réflexions similaires sur les enjeux énergétiques futurs et notre manière d’apporter une réponse volontaire et innovante : voilà le vrai challenge d’un monde durable, sur le plan environnemental, économique et social. Les propos récents sur l’hydrogène vert dans le cadre des plans de relance en sont un vibrant rappel.

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