Parmi l’ensemble des collaborateurs qui ont été absents plus de huit semaines pour cause de maladie l’an dernier, pas moins de 31 % ont repris le travail progressivement au cours de l’année. C’est ce que révèle une analyse du groupe de services RH Liantis menée auprès de 193 100 travailleurs. Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si la construction (16,2 %), le transport (16,3 %) et l’industrie (25,1 %) font moins bien que la moyenne, d’autres secteurs obtiennent un score nettement supérieur, comme celui des soins (40,9 %) et les administrations publiques (50 %).
« Nous constatons toutefois qu’aujourd’hui encore, bon nombre de collaborateurs, durant leur absence prolongée, n’ont aucun contact avec leur employeur ni avec le médecin du travail pour aborder l’éventualité d’un retour au travail. C’est sur cet aspect que nous devons vraiment concentrer notre action », affirme Sylvia Vanden Avenne, chef de la surveillance médicale auprès de Liantis.
Le nouvel accord de gouvernement a clairement montré l’intention de ce dernier de se concentrer pleinement sur la réintégration des travailleurs en incapacité de travail. En effet, les employeurs seront tenus de faire intervenir leur service de prévention dès que la période de maladie de leurs travailleurs atteindra huit semaines.
En tant que service externe de prévention, Liantis accompagne bon nombre d’organisations et d’employeurs, ainsi que leurs collaborateurs, dans le domaine de la prévention et du bien-être au travail – entre autres par le biais de ses médecins du travail. Dans ce contexte, Liantis s’est penché sur les absences de plus de huit semaines survenues en 2024, afin d’analyser si les travailleurs concernés reprenaient progressivement le travail. Une reprise progressive implique qu’un collaborateur se trouvant en incapacité de travail reprend partiellement le travail avant de pouvoir travailler de nouveau à temps plein. Il peut s’agir par exemple d’un travail à temps partiel, avec adaptation éventuelle des tâches, afin de faciliter la reprise complète du travail.
Liantis a analysé les données de 193 100 collaborateurs et a ensuite réalisé une extrapolation pour l’ensemble du marché du travail belge. Il en ressort qu’en 2024, 5,7 % des collaborateurs ont été absents pour cause de maladie pendant plus de huit semaines consécutives. Heureusement, 31 % d’entre eux ont repris progressivement le travail. « Les études déjà menées nous apprennent que plus l’absence est longue, plus la reprise du travail est difficile. La reprise progressive du travail est un outil idéal pour atténuer cette difficulté », explique Sylvia Vanden Avenne de Liantis.
Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne lorsqu’il est question de reprise progressive du travail. Si des secteurs comme ceux de la construction (16,2 %), du transport (16,3 %) et de l’industrie (25,1 %) font moins bien que la moyenne, d’autres obtiennent un score nettement supérieur, comme celui des soins (40,9 %) et les administrations publiques (50 %).
Pour Vanden Avenne, cela n’a rien d’étonnant. « La reprise progressive du travail n’est pas aussi connue dans tous les secteurs, et on se tourne rarement vers quelque chose que l’on ne connaît pas. Par ailleurs, les employeurs de secteurs comme ceux de la construction et du transport trouvent souvent plus complexe d’organiser le travail à temps partiel ou le travail adapté, comme nous l’observons dans le feedback que nous recevons de leur part. Par conséquent, il est plus difficile pour eux de transposer dans la pratique les bonnes intentions, pourtant bel et bien présentes. Nous constatons également que dans certains secteurs, les relations sont beaucoup plus fortes entre d’une part les collaborateurs RH et de prévention travaillant auprès de l’employeur et d’autre part les services externes de prévention. C’est le cas dans le secteur des soins par exemple. Ce lien plus fort et cette collaboration plus étroite nous permettent de développer une politique en matière de retour au travail. »
L’analyse révèle également que pas moins de 53 % des personnes qui ont été absentes pendant plus de huit semaines en 2024 n’ont eu aucun contact avec le médecin du travail pour discuter d’un travail adapté ou d’une occupation progressive. « Cela pose problème lorsqu’il s’agit de vraiment favoriser la réintégration des malades de longue durée », affirme Vanden Avenne. « À défaut de contact avec un travailleur absent, il est impossible de discuter d’un éventuel retour au travail. Après tel diagnostic ou telle opération, nous savons que les collègues médecins du secteur curatif donnent habituellement un certificat de six semaines d’incapacité de travail par exemple. En rédigeant ce certificat, ils ne tiennent pas compte du travail exercé par le patient, ce qui est logique. En tant que médecins du travail, nous connaissons à la fois la situation médicale et la situation professionnelle du travailleur. Nous ne contrôlons en aucun cas si l’absence est justifiée ou non. En revanche, nous examinons les conditions nécessaires pour permettre le retour au travail au moment le plus adapté. Celles-ci peuvent comprendre une adaptation des tâches et/ou de l’horaire de travail, par exemple. »
« Les études antérieures et la littérature scientifique nous enseignent que plus le travailleur malade reste longtemps à la maison, plus il aura de difficultés à reprendre le travail. Souvent, diverses émotions entrent également en jeu : le collaborateur malade a peur de son entourage (professionnel), de son responsable d’équipe, des questions qu’on pourrait lui poser, etc. C’est la raison pour laquelle ces personnes peuvent s’adresser au médecin du travail en toute confiance, lequel peut offrir l’aide nécessaire pour assurer que le retour au travail ait lieu au moment opportun et se déroule le mieux possible. »