À partir du 1er janvier 2026, toutes les entreprises belges assujetties à la TVA devront émettre et recevoir leurs factures sous forme électronique structurée, via le réseau sécurisé Peppol. Cette réforme, inscrite dans la volonté européenne de digitalisation des échanges B2B et de lutte contre la fraude, marque un tournant majeur pour la comptabilité des entreprises.
L’objectif est clair : automatiser et sécuriser les flux de facturation. Mais où en est réellement la Belgique à quelques mois de l’échéance ? Le déploiement est-il suffisant pour garantir un basculement ordonné ? Les chiffres progressent, mais de nombreux signaux montrent qu’un retard collectif reste possible, voire probable.
Les données officielles révèlent une croissance rapide du nombre d’entreprises déjà connectées à Peppol :
À ce rythme, les projections tablent sur 450 000 entreprises prêtes d’ici janvier 2026, alors que l’objectif officiel s’élève à 600 000. Autrement dit, un quart des assujettis à la TVA risquent de ne pas être en conformité au moment de l’échéance.
Ce décalage s’explique en partie par la diversité des réalités sectorielles. Les secteurs du numérique, des télécoms et de l’industrie affichent des taux d’adoption déjà proches de 10 à 13 %, tandis que l’agriculture, le commerce de détail ou les associations stagnent autour de 1 %[1].
En synthèse : la croissance est spectaculaire, mais la masse critique n’est pas encore atteinte. Sans accélération nette en fin d’année 2025, un nombre significatif d’entreprises pourrait être en retard.
Beaucoup d’entreprises pensent être prêtes dès lors qu’elles envoient des PDF par e-mail. Or, la réforme vise la facture structurée au format UBL (Universal Business Language), basée sur XML, qui transite par des points d’accès certifiés Peppol[2].
Actuellement, seuls 4 % des factures échangées sont véritablement structurées. Même en ajoutant les documents encodés par des tiers, le taux plafonne à 10 %[3].
L’Agence du Numérique relève plusieurs freins[4] :
Ces chiffres confirment que l’information, l’accompagnement et la pédagogie seront décisifs pour éviter une adoption précipitée.
De nombreuses entreprises travaillent encore avec Word, Excel ou des logiciels comptables sans module structuré. L’ajout de modules certifiés représente un investissement, parfois de plusieurs milliers d’euros selon le degré d’intégration, ce qui freine les indépendants et TPE.
En synthèse : la question n’est pas seulement technologique. Elle est aussi économique et organisationnelle. La réussite de la réforme dépendra du soutien des éditeurs, des banques, et surtout des experts-comptables.
L’obligation d’émettre et de recevoir des factures électroniques B2B est inscrite dans la loi du 22 décembre 2023 portant diverses dispositions fiscales[5], avec entrée en vigueur au 1er janvier 2026. Elle s’applique aux transactions entre assujettis à la TVA (B2B), hors ventes à des consommateurs finaux.
À l’automne 2025, l’arrêté royal fixant les modalités techniques n’est pas encore publié, bien que son projet circule. Cette absence entretient l’incertitude, notamment pour les éditeurs de logiciels qui doivent finaliser les développements.
Pourtant, un arrêté royal instaurant des amendes en cas de non-conformité est déjà paru, confirmant la volonté du législateur de sanctionner tout retard dès l’échéance[6].
La CRECCB (Compagnie Royale des Experts-Comptables et Conseillers fiscaux de Belgique) insiste : les bureaux comptables devront absorber près de 900 000 entreprises en quelques mois. Leur rôle de formateur et d’intégrateur est donc stratégique.
En synthèse : la base légale est solide, mais la logistique réglementaire et technique accuse un retard qui accroît la pression sur les entreprises.
Plusieurs leviers sont activés :
Ces efforts sont cruciaux mais doivent être accélérés pour éviter un effet goulot d’étranglement à la fin de l’année 2025.
Le cabinet Deg & Partners s’inscrit au cœur de cette dynamique. En tant qu’experts-comptables et conseillers fiscaux, nous avons déjà déployé les outils techniques compatibles Peppol, testé des solutions logicielles intégrées, et mis en place un programme d’accompagnement personnalisé.
Notre objectif : sécuriser la transition de nos clients et éviter toute sanction. Cette mission implique :
Car, plus que jamais, ensemble on est plus forts : l’expérience montre que la réussite d’une telle réforme repose sur la coopération entre entreprises, éditeurs, banques et conseillers fiscaux.
Élément clé | Situation actuelle (sept. 2025) | Objectif 1er janv. 2026 | Points d’action recommandés |
Entreprises connectées à Peppol | ~340 000 | 600 000 | S’enregistrer dès maintenant et tester le flux complet |
Factures réellement structurées | 4 % (10 % avec encodage tiers) | >80 % | Abandonner le PDF simple ; migrer vers UBL/XML |
Cadre réglementaire | Loi 22 déc. 2023 en vigueur ; arrêté royal sur amendes publié | Publication finale des modalités | Suivre les publications officielles et anticiper |
Solutions techniques | 273 plateformes certifiées | Large adoption | Choisir et déployer un logiciel certifié Peppol |
Accompagnement | Sensibilisation en cours | Généralisation | Travailler étroitement avec l’expert-comptable |
1. Évaluer sans délai votre volume de facturation et votre système comptable actuel.
2. Sélectionner un logiciel certifié Peppol en intégrant les besoins de vos partenaires commerciaux.
3. Former votre équipe pour réduire les erreurs de paramétrage et d’archivage.
4. Collaborer étroitement avec votre expert-comptable pour sécuriser la conformité, anticiper les contrôles et optimiser les processus internes.
La généralisation de la facturation électronique au 1er janvier 2026 constitue une réforme structurante pour l’économie belge. Les bénéfices en termes de gain de temps, de réduction des erreurs et de lutte contre la fraude sont indéniables.
Cependant, les chiffres montrent qu’un retard collectif est encore possible si les entreprises ne s’engagent pas rapidement. La réussite de cette transition dépendra de la mobilisation de tous les acteurs : entreprises, éditeurs, banques… et bien sûr, experts-comptables.
Chez Deg & Partners, nous avons choisi d’être à l’avant-garde de cette mutation. En accompagnant dès aujourd’hui nos clients dans ce passage au modèle Peppol, nous confirmons une conviction : c’est ensemble que nous relèverons ce défi numérique et réglementaire.
[1] Agence du Numérique, Baromètre Entreprises 2025, enquête de mai 2025.
[2] SPF Finances, efacture.belgium.be, liste officielle des plateformes certifiées.
[3] Agence du Numérique, Étude sur la facturation électronique en Wallonie, mai 2025.
[4] Idem, analyse des freins à l’adoption (volume, complexité, information).
[5] Loi du 22 décembre 2023 portant des dispositions fiscales diverses, M.B., 29 décembre 2023.
[6] Projet d’arrêté royal fixant les modalités techniques et l’échelle des amendes, Doc. parl., Chambre, 2025.
[7] Communiqués ING, KBC, BNP Paribas, avril 2025.
[8] SPF Stratégie et Appui (BOSA) – Liste des logiciels certifiés Peppol, mise à jour 2025.