• FR
  • NL
  • EN

La facturation électronique en Belgique: faisons l'état des lieux à l’approche de 2026!

À partir du 1er janvier 2026, toutes les entreprises belges assujetties à la TVA devront émettre et recevoir leurs factures sous forme électronique structurée, via le réseau sécurisé Peppol. Cette réforme, inscrite dans la volonté européenne de digitalisation des échanges B2B et de lutte contre la fraude, marque un tournant majeur pour la comptabilité des entreprises.

L’objectif est clair : automatiser et sécuriser les flux de facturation. Mais où en est réellement la Belgique à quelques mois de l’échéance ? Le déploiement est-il suffisant pour garantir un basculement ordonné ? Les chiffres progressent, mais de nombreux signaux montrent qu’un retard collectif reste possible, voire probable.


1. Un déploiement en forte accélération, mais insuffisant à ce jour

Les données officielles révèlent une croissance rapide du nombre d’entreprises déjà connectées à Peppol :

  • 1er janvier 2025 : environ 100 000 entreprises
  • 1er avril 2025 : 237 016 entreprises
  • septembre 2025 : environ 340 000 entreprises

À ce rythme, les projections tablent sur 450 000 entreprises prêtes d’ici janvier 2026, alors que l’objectif officiel s’élève à 600 000. Autrement dit, un quart des assujettis à la TVA risquent de ne pas être en conformité au moment de l’échéance.

Ce décalage s’explique en partie par la diversité des réalités sectorielles. Les secteurs du numérique, des télécoms et de l’industrie affichent des taux d’adoption déjà proches de 10 à 13 %, tandis que l’agriculture, le commerce de détail ou les associations stagnent autour de 1 %[1].

En synthèse : la croissance est spectaculaire, mais la masse critique n’est pas encore atteinte. Sans accélération nette en fin d’année 2025, un nombre significatif d’entreprises pourrait être en retard.


2. Des freins persistants : coûts, manque d’information et complexité perçue

a) Confusion sur la notion même de « facture électronique »

Beaucoup d’entreprises pensent être prêtes dès lors qu’elles envoient des PDF par e-mail. Or, la réforme vise la facture structurée au format UBL (Universal Business Language), basée sur XML, qui transite par des points d’accès certifiés Peppol[2].

Actuellement, seuls 4 % des factures échangées sont véritablement structurées. Même en ajoutant les documents encodés par des tiers, le taux plafonne à 10 %[3].

b) Obstacles techniques et organisationnels

L’Agence du Numérique relève plusieurs freins[4] :

  • Volume jugé insuffisant de factures pour justifier l’investissement (40 %)
  • Manque de clarté sur la réforme (29 %)
  • Offre comptable jugée inadaptée (10 %)
  • Complexité technique perçue (9 %)
  • Difficultés d’adaptation interne (7 %)

Ces chiffres confirment que l’information, l’accompagnement et la pédagogie seront décisifs pour éviter une adoption précipitée.

c) Coûts d’intégration logicielle

De nombreuses entreprises travaillent encore avec Word, Excel ou des logiciels comptables sans module structuré. L’ajout de modules certifiés représente un investissement, parfois de plusieurs milliers d’euros selon le degré d’intégration, ce qui freine les indépendants et TPE.

En synthèse : la question n’est pas seulement technologique. Elle est aussi économique et organisationnelle. La réussite de la réforme dépendra du soutien des éditeurs, des banques, et surtout des experts-comptables.


3. Un cadre réglementaire qui se précise mais reste sous tension

a) Une obligation légale déjà fixée

L’obligation d’émettre et de recevoir des factures électroniques B2B est inscrite dans la loi du 22 décembre 2023 portant diverses dispositions fiscales[5], avec entrée en vigueur au 1er janvier 2026. Elle s’applique aux transactions entre assujettis à la TVA (B2B), hors ventes à des consommateurs finaux.

b) L’attente de l’arrêté royal définitif

À l’automne 2025, l’arrêté royal fixant les modalités techniques n’est pas encore publié, bien que son projet circule. Cette absence entretient l’incertitude, notamment pour les éditeurs de logiciels qui doivent finaliser les développements.

Pourtant, un arrêté royal instaurant des amendes en cas de non-conformité est déjà paru, confirmant la volonté du législateur de sanctionner tout retard dès l’échéance[6].

c) Un rôle clé pour les experts-comptables

La CRECCB (Compagnie Royale des Experts-Comptables et Conseillers fiscaux de Belgique) insiste : les bureaux comptables devront absorber près de 900 000 entreprises en quelques mois. Leur rôle de formateur et d’intégrateur est donc stratégique.

En synthèse : la base légale est solide, mais la logistique réglementaire et technique accuse un retard qui accroît la pression sur les entreprises.


4. Des initiatives multiples pour combler le fossé

Plusieurs leviers sont activés :

  • Intégration bancaire : des banques comme KBC, ING ou BNP Paribas intègrent la facturation électronique sur leurs plateformes professionnelles, sur le modèle « Zoomit », pour simplifier l’usage[7].
  • Solutions logicielles certifiées : plus de 273 plateformes sont reconnues par le SPF Finances[8], favorisant une intégration directe dans les logiciels comptables.
  • Campagnes de sensibilisation : l’Agence du Numérique, l’UCM et le SNI mènent des actions intensives, surtout en Wallonie, afin de réduire les non-conformités.

Ces efforts sont cruciaux mais doivent être accélérés pour éviter un effet goulot d’étranglement à la fin de l’année 2025.


5. Le rôle central des experts-comptables : anticiper et accompagner

Le cabinet Deg & Partners s’inscrit au cœur de cette dynamique. En tant qu’experts-comptables et conseillers fiscaux, nous avons déjà déployé les outils techniques compatibles Peppol, testé des solutions logicielles intégrées, et mis en place un programme d’accompagnement personnalisé.

Notre objectif : sécuriser la transition de nos clients et éviter toute sanction. Cette mission implique :

  • l’analyse des processus de facturation existants,
  • la sélection de la solution certifiée la plus adaptée,
  • la formation des équipes internes pour une mise en œuvre fluide.

Car, plus que jamais, ensemble on est plus forts : l’expérience montre que la réussite d’une telle réforme repose sur la coopération entre entreprises, éditeurs, banques et conseillers fiscaux.


Tableau de synthèse et recommandations

Élément clé

Situation actuelle (sept. 2025)

Objectif 1er janv. 2026

Points d’action recommandés

Entreprises connectées à Peppol

~340 000

600 000

S’enregistrer dès maintenant et tester le flux complet

Factures réellement structurées

4 % (10 % avec encodage tiers)

>80 %

Abandonner le PDF simple ; migrer vers UBL/XML

Cadre réglementaire

Loi 22 déc. 2023 en vigueur ; arrêté royal sur amendes publié

Publication finale des modalités

Suivre les publications officielles et anticiper

Solutions techniques

273 plateformes certifiées

Large adoption

Choisir et déployer un logiciel certifié Peppol

Accompagnement

Sensibilisation en cours

Généralisation

Travailler étroitement avec l’expert-comptable


6. Nos recommandations pratiques

1. Évaluer sans délai votre volume de facturation et votre système comptable actuel.

2. Sélectionner un logiciel certifié Peppol en intégrant les besoins de vos partenaires commerciaux.

3. Former votre équipe pour réduire les erreurs de paramétrage et d’archivage.

4. Collaborer étroitement avec votre expert-comptable pour sécuriser la conformité, anticiper les contrôles et optimiser les processus internes.


7. Conclusion

La généralisation de la facturation électronique au 1er janvier 2026 constitue une réforme structurante pour l’économie belge. Les bénéfices en termes de gain de temps, de réduction des erreurs et de lutte contre la fraude sont indéniables.

Cependant, les chiffres montrent qu’un retard collectif est encore possible si les entreprises ne s’engagent pas rapidement. La réussite de cette transition dépendra de la mobilisation de tous les acteurs : entreprises, éditeurs, banques… et bien sûr, experts-comptables.

Chez Deg & Partners, nous avons choisi d’être à l’avant-garde de cette mutation. En accompagnant dès aujourd’hui nos clients dans ce passage au modèle Peppol, nous confirmons une conviction : c’est ensemble que nous relèverons ce défi numérique et réglementaire.


Références

[1] Agence du Numérique, Baromètre Entreprises 2025, enquête de mai 2025.
[2] SPF Finances, efacture.belgium.be, liste officielle des plateformes certifiées.
[3] Agence du Numérique, Étude sur la facturation électronique en Wallonie, mai 2025.
[4] Idem, analyse des freins à l’adoption (volume, complexité, information).
[5] Loi du 22 décembre 2023 portant des dispositions fiscales diverses, M.B., 29 décembre 2023.
[6] Projet d’arrêté royal fixant les modalités techniques et l’échelle des amendes, Doc. parl., Chambre, 2025.
[7] Communiqués ING, KBC, BNP Paribas, avril 2025.
[8] SPF Stratégie et Appui (BOSA) – Liste des logiciels certifiés Peppol, mise à jour 2025.

Mots clés

Articles recommandés