Bruxelles: comment le Gouvernement Bruxellois en est-il arrivé là ?

Et finalement, cette impossibilité de former un Gouvernement Bruxellois est un échec sociétal complet, qui aura des conséquences sociales et économiques importantes, et disqualifie déjà celui qui sera le ministre-président.

Le système de représentation politique est certainement vicié à la base, puisque la représentation des communautés linguistiques ne reflète pas les réalités démographiques.

Mais, au-delà de cela, il est essentiel de retrouver le sens du projet pour une ville qui se veut – mais ne l’est plus – la capitale de l’Europe. Et il serait indécent de demander à des présidents de partis ou à d’autres niveaux de pouvoir de gérer la situation bruxelloise, au risque de commettre un déni de démocratie envers les citoyens qui ont exprimé un vote régional le 9 juin dernier.

En fait, au-delà de ces gesticulations politiques, la question est de savoir comment retrouver une harmonie dans une ville qui se fracture en deux, comment retrouver le sens de l’accueil et de la civilité, l’élan citoyen, la bienveillance partagée, bref, l’envie de vivre ensemble. Si ces objectifs ne sont pas atteints, cette ville sera progressivement fuie par ceux qui ne s’y retrouvent plus – et c’est déjà le cas de nombreuses personnes que je côtoie. Ce sera une ville de ghettos, riches ou pauvres, avec ses bons et mauvais quartiers, comme ceux qu’on observe aux États-Unis ou dans d’autres capitales.

Et puis, il faudra aborder avec sagesse les problèmes sociaux : les personnes sans abri, les situations de drogue, de pauvreté, de grande précarité. Car ces problèmes ne se résolvent pas à coups d’ukases ou de jets de Karcher, mais avec de l’intelligence collective.

Il y a le problème du financement de la Région Bruxelloise. L’argent n’est pas magique : les déficits bruxellois se termineront évidemment par une taxe sur ceux qui y vivent.

Mais ce jour-là, il faudra que les citoyens sachent exactement pourquoi ils paient un impôt régional.

Il ne sera consenti que si des projets sont établis, lisibles, surveillés par des audits indépendants et rendus publics. Ce sera la seule façon de discipliner une classe politique qui doit impérativement regarder ces réalités à hauteur de femme et d’homme.

Et pourquoi ? Parce que si certains sont incapables de former un gouvernements, il est impossible de leur laisser la latitude de gérer l’argent public de manière confuse. ​