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Pourquoi les Etats-Unis façonnne notre démocratie?

L’an prochain, en 2026, la Déclaration d’indépendance américaine célébrera ses 250 ans. Signée le 4 juillet 1776, elle précède la Constitution des États-Unis, adoptée en 1787 et entrée en vigueur en 1789. À l’époque, les États-Unis ne formaient pas un pays-continent, mais un ensemble de 13 colonies, incluant des États actuels comme la Virginie et la Pennsylvanie. Cette Constitution, bien que partiellement interprétative, reste un texte fondamental, amendé seulement 27 fois en plus de deux siècles.

Ce pays a établi une Constitution audacieuse, débutant par « We, the people », un défi aux empires et royaumes dont les premiers Américains – souvent des bannis ou des aventuriers – cherchaient à s’émanciper. En 1886, pour honorer ce phare de liberté, la France offrit la Statue de la Liberté, conçue par Frédéric Bartholdi. Depuis, ce symbole incarne l’espoir pour ceux qui malgré les ombres de l’histoire américaine – extermination des autochtones, esclavagisme prolongé par la ségrégation (toujours présente socialement), et une guerre civile (1861-1865) causant 620 000 morts – voient en cette terre une chance de libération. Le président Wilson (1913-1921) théorisa les États-Unis comme une terre promise pour ceux qui la méritaient.

Par deux fois au XXe siècle, lors des Première et Seconde Guerres mondiales, les États-Unis, bien que mus par leurs intérêts, nous ont sauvés de l’oppression, sans que nous ne leur devions rien – au contraire. C’est pourquoi la présidence de Donald Trump (2025-2029) est un événement systémique, modifiant l’équilibre mondial, laissant l’Europe dans un désarroi politique intense. Confrontée à elle-même, elle est réveillée par des forces nationalistes et souverainistes, prêtes à exploiter ce vide.

Si les États-Unis ne sont plus ce qu’ils représentent, l’idée d’États-Unis d’Europe, chère à Victor Hugo, risque de s’effacer. Si Périclès a inventé la démocratie (reposant sur des esclaves) au Ve siècle avant J.-C., c’est la démocratie américaine qui, par son influence décisive, façonne nos agencements politiques.

Son effacement nous forcerait à repenser notre propre modèle. L’Europe se trouve ainsi en état d’apesanteur, réalisant qu’elle a omis de se forger véritablement, à l’image du « melting pot » américain – ce creuset qui fait des citoyens des États-Unis les descendants symboliques de George Washington. Cela nous rappelle les mots de Stefan Zweig (1881-1942) dans un texte saisissant de 1934 intitulé « L’unification de l’Europe » : la réalisation de l’unité européenne n’a pas pris racine dans l’humus des peuples. Reconnaissons la suprématie de l’idée opposée, le nationalisme.

Nous avons donc une urgence à nous réinventer car il n’est pas exclu qu’après les accords de Paris, les Etats-Unis quittent l’OTAN, l’ONU, l’OMC, la Banque Mondiale et le FMI.

A méditer (très intensément).

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