​Le nouvel ordre monétaire : un dollar TRÈS affaibli

Jour après jour, il devient plus facile de discerner l’aboutissement des décisions de Trump. Il veut créer un nouvel ordre mondial, lui-même fondé sur une fragmentation du globe afin d’assurer la suprématie des États-Unis.

Et les lecteurs de ce bloc-notes connaissent ma profonde conviction : un nouvel ordre mondial repose sur un dollar faible. En effet, pour assurer la domination de leur monnaie, les États-Unis ont besoin d’un dollar abondant et transactionnel, ancré dans toutes les infrastructures du commerce mondial, et non d’une devise forte qui pénalise les exportations américaines et pousse à la thésaurisation.

Il est donc évident que les États-Unis vont mettre en œuvre des mesures autoritaires et certainement non conventionnelles, non pas dans un rapport de négociation avec les autres autorités monétaires, mais dans une affirmation unilatérale de force.

Il se pourrait — et chaque jour m’en convainc un peu plus — que la Maison-Blanche place la Banque centrale américaine (la Fed) sous son contrôle et impose à cette dernière d’acquérir la dette de l’État américain à un taux d’intérêt très bas, voire nul. Cela aboutirait à un taux d’intérêt réel négatif après déduction de l’inflation. Une telle situation ne s’est jamais produite, mais si elle venait à s’imposer, elle entraînerait l’effondrement progressif du dollar et de la dette américaine, qui se rembourserait alors par sa propre et lente désintégration.

Mais il existe d’autres méthodes, dont une proposée par l’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, un brillant économiste (et je remercie le lecteur de mon bloc-notes qui me l’a signalée).

Selon lui, Trump pourrait demander aux pays asiatiques, qui accumulent actuellement le plus de dollars, de vendre une partie de leurs actifs en dollars à court terme en échange de leur propre monnaie (qui s’apprécierait ainsi). Vis-à-vis de la zone euro, Trump exigerait qu’en échange d’une protection militaire, l’Europe souscrive à des obligations en dollars à très long terme, voire perpétuelles, qui ne vaudraient donc pas grand-chose en cas d’inflation. Les pays de la zone euro devraient ainsi financer l’État américain par des crédits qui ne seraient jamais remboursés, ou plutôt remboursés en monnaie dévalorisée.

Cette stratégie affaiblirait mécaniquement le dollar et détruirait lentement le système monétaire européen. Car si l’actif d’un bilan, quel qu’il soit, est constitué d’obligations américaines qui perdent de leur valeur, le passif ne vaut plus grand-chose non plus. L’euro serait donc entraîné dans sa propre désintégration.

Tout cela relève bien sûr, pour l’instant, de la science-fiction monétaire. Mais peut-être pas tant que ça.

Par deux fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont trahi l’ordre monétaire qu’ils avaient imposé en 1944.
Et quelque chose va se passer : c’est une certitude.

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