Intelligence artificielle: la troublante actualité de Karl Marx.

​L'intelligence artificielle redéfinit la productivité, promettant des gains d'efficacité stupéfiants et une ère d'abondance potentielle. Mais la question cruciale demeure : à qui profitent réellement ces avancées ?

Le partage des gains de productivité liés à l'IA est le défi économique et social majeur de notre époque.

Comme chaque révolution technologique, l'IA bouscule les structures de travail et de richesse. Elle génère une valeur colossale qui se concentre rapidement entre les mains des propriétaires d'algorithmes, de plateformes et d'infrastructures de données. Pendant ce temps, des emplois sont menacés et les salaires stagnent, malgré la productivité accrue.

C'est ici que Karl Marx, vieux de plus d'un siècle, retrouve une pertinence troublante. Il analysait la dynamique du capitalisme où la "plus-value" (valeur créée par le travail non rémunéré) est accaparée par les propriétaires des moyens de production, dépossédant ainsi le travailleur. Il décrivait une concentration croissante des richesses.

Aujourd'hui, les "moyens de production" sont les modèles d'IA, les bases de données massives et les infrastructures cloud. La "plus-value" est générée par le travail numérique : entraînement des IA, curation de données, et même nos données personnelles transformées en capital.

Ces gains monumentaux sont-ils distribués équitablement ? Ou assistons-nous à une nouvelle concentration du capital, où les géants de la tech collectent l'essentiel des bénéfices, laissant une part minime aux "travailleurs du clic" ou à ceux dont les compétences sont automatisées ?

La théorie marxiste, délestée de ses applications idéologiques extrêmes, pousse à poser des questions essentielles car il faut assurer un partage plus juste des gains de productivité de l'IA et éviter l'aggravation des inégalités :

Comment garantir que l'IA serve l'humanité entière et non une élite technologique ?

Faut-il repenser la propriété des données, la fiscalité des profits d'IA, ou envisager des mécanismes comme le revenu ou le dividende universel ?

Comment éviter une fracture sociale où une minorité prospère et une majorité est marginalisée ?

La pertinence de Marx aujourd'hui n'est pas une invitation à la révolution, mais un appel urgent à repenser nos modèles économiques et sociaux face à cette transformation sans précédent. C'est un défi collectif pour tous les acteurs de la société.​