​Europe: la tempête parfaite s’annonce sur plus d'un plan…

Il n’aura pas fallu longtemps pour que la gestion politique européenne soit bouleversée. Quarante-cinq jours seulement après la prestation de serment de Donald Trump, le chaos s’installe. Trump a abandonné l’Ukraine, pactisé avec la Russie, renversé les fragiles équilibres stratégiques, et transformé la politique américaine en une expression d’ambitions territoriales. Ce bouleversement s’accompagne de scénarios trop familiers dans leur trame historique : limogeage des hauts responsables militaires, muselage d’une presse désormais servile, licenciement des fonctionnaires jugés hostiles, assimilation des opposants à des ennemis du peuple – autant de marques d’une dérive autocratique.

Et l’Europe ? Après l’échec d’un "green deal" avorté et la publication du rapport Draghi, qui prophétisait une mort lente de l’Europe sans un investissement annuel de 800 milliards d’euros pour un renouveau industriel et technologique, voilà qu’un plan de réarmement de 800 milliards sur quatre ans émerge. Ce dernier, à la validation démocratique douteuse, éclipsera probablement le plan Draghi, confirmant ainsi sa sombre prédiction. Il est clair que l’Europe va se fragmenter et que ses dirigeants, à peine reconnus comme tels à Washington, devront être remplacés.

Derrière cela, la crise industrielle s’aggravera, car les marchés financiers deviendront tempétueux. On l’oublie souvent, mais la rigueur budgétaire allemande, bien que critiquée pour son manque de relance intérieure, a longtemps stabilisé l’Europe en maintenant des taux d’intérêt bas, en termes relatifs.

Cette discipline, ancrée dans une tradition séculaire, a permis aux entreprises et aux États européens d’emprunter à moindre coût, favorisant ainsi les investissements dans l’industrie, les infrastructures et l’innovation. Mais ce rempart s’effrite : l’Allemagne, sous la pression des bouleversements actuels, relâche cette rigueur. Les taux d’intérêt s’envolent, augmentant brutalement le coût du capital. Cette hausse freine les investissements, car les entreprises, déjà fragilisées, hésitent à s’endetter à des conditions prohibitives, tandis que les projets d’envergure – essentiels pour rivaliser avec les géants mondiaux – sont reportés ou abandonnés.

Résultat : une spirale de stagnation économique s’amorce, amplifiant la vulnérabilité de l’Europe face à la tempête qui vient.

Et, au-delà des aspects socio-politiques et économiques, il y a autre chose : les Européens ont-ils confiance en leurs dirigeants aux discours martiaux car engager des pays dans la guerre suppose un projet moral supérieur auquel la population adhère. Faut-il - dit brutalement - un consentement à une économie de guerre ?

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