Les lecteurs de ce blog, que je remercie chaleureusement pour leur fidélité, le savent bien : je prédis depuis des mois que la banque centrale américaine va perdre son indépendance (acquise constitutionnellement en 1913) et être placée sous le contrôle de Donald Trump. C’est désormais presque certain, d’autant qu’Elon Musk, omniprésent, est un adepte des théories de Hayek (1899-1992), dont Margaret Thatcher avait fait de ses ouvrages ses livres de chevet. Comme Hayek, Musk est un libertarien, allant même jusqu’à prôner la coexistence du dollar avec un stock de bitcoins détenu par les autorités américaines.
Mais quelle était exactement l’idée de Hayek ?
Contestant la neutralité monétaire postulée par les économistes classiques, Hayek proposait un système de concurrence entre différentes monnaies, privées et publiques, au sein duquel la monnaie la moins fiable conduirait progressivement à la thésaurisation de la monnaie la plus stable. Il plaidait ainsi pour la dénationalisation, voire le démantèlement de la monnaie dans un système de libre concurrence, arguant que la monnaie était fondamentalement politisée. Par un processus de sélection naturelle, les monnaies fragiles finiraient par disparaître dans une quête perpétuelle, et donc jamais aboutie, du monopole monétaire. L’idée de Hayek exclut l’existence d’un état monétaire stationnaire, car toute monnaie dominante serait en permanence challengée par une autre.
Ce système de concurrence monétaire fut adopté par certains pays, comme le Canada (entre 1891 et 1934), l’Écosse (entre 1716 et 1845) et les États-Unis (entre 1837 et 1863), où il était permis aux banques commerciales d’émettre leurs propres billets pour autant que ceux-ci soient couverts par leur équivalent en or. Les théories de Hayek sont ainsi liées au courant du "Free Banking", dont Adam Smith et David Ricardo furent parmi les premiers partisans. Cette école de pensée, aujourd’hui délaissée, préconisait une concurrence totale entre les banques commerciales, sans le moindre contrôle d’une instance supérieure, comme une banque centrale ou un régulateur financier.
Si tout cela aboutit, cela entraînera une perte de confiance dans le dollar, des taux d’intérêt extrêmement bas et une poussée d’inflation extraordinaire. Dans quoi alors investir dans un monde sans référentiel monétaire stable ? En or ? En bitcoins ? Ou bien dans un panier d’actions de grandes entreprises mondiales ?
Merci de vos retours.