Sans intervention, la Belgique se dirige vers une économie stagnante et un déficit budgétaire croissant. Pourtant, nous laissons de côté un énorme potentiel d’une réforme évidente.
Dans ce contexte, les négociations gouvernementales continuent de stagner.
Quand la priorité sera-t-elle enfin donnée à une politique de réformes, d’investissements et de croissance réelle ?
Cette semaine, le FMI a lancé un nouveau signal d’alarme pour l’économie belge. La mise à jour semestrielle des perspectives économiques montre, encore une fois, l’ampleur du défi auquel nous faisons face :
Plus tôt ce mois-ci, la Banque nationale de Belgique (BNB) a publié une analyse tout aussi inquiétante. Sans intervention, nous nous dirigeons vers un déficit budgétaire de plus de 7 % du PIB (soit 42 milliards d’euros actuels) d’ici 2038. Pour remettre le budget sur les rails, un effort budgétaire cette législature, comparable à celui du Plan Global de Dehaene du début des années 90, est nécessaire. Cependant, cela se ferait dans des circonstances plus difficiles : le potentiel de croissance de notre économie est presque deux fois plus faible, le coût du vieillissement augmente rapidement et la pression fiscale est déjà bien plus élevée qu’à l’époque.
Les négociations gouvernementales fédérales avancent difficilement, en raison de l’effort budgétaire lourd et de dossiers symboliques qui posent problème. Dans le contexte de nos finances publiques dramatiques, le nouvel accord de gouvernement fédéral ne doit pas se limiter à un simple exercice budgétaire. Le meilleur moyen d’assainir durablement les finances publiques est de stimuler une croissance économique plus forte. Jusqu’à présent, nous avons laissé un potentiel énorme inexploité dans ce domaine.
Un rapport récent de l’OCDE montre comment un ensemble de réformes évidentes – visant notamment à travailler plus longtemps, encourager l’entrepreneuriat et les investissements – pourrait augmenter l’activité économique totale de 12 % en Belgique en dix ans. À cela s’ajoute le potentiel économique de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, qui, selon une analyse de Google, pourrait donner un coup de pouce au PIB de 9 % dans les dix ans. Au total, c’est une opportunité d’accroître notre prospérité de près d’un cinquième, soit environ 120 milliards d’euros d’activité économique supplémentaire aux valeurs actuelles.
Il est essentiel que le prochain gouvernement fédéral prenne des mesures pour maîtriser le budget. Mais pour notre prospérité à long terme, il est encore plus crucial de renforcer durablement le potentiel de croissance de notre économie. Plusieurs réformes possibles sont déjà sur la table des négociations, mais les ambitions en matière de réformes doivent être bien plus élevées. Surtout au vu des défis importants auxquels nous serons confrontés dans les années à venir (vieillissement, transition durable, démondialisation, géopolitique…). Avec une croissance économique plus forte, nous pourrions faire face à ces défis. Un simple exercice budgétaire ne suffira pas.
De nombreuses réformes, telles que la gestion des embouteillages, l’allongement de la carrière ou les investissements publics, doivent être élaborées à travers les différents niveaux de pouvoir pour réaliser leur plein potentiel. La composition plus cohérente des gouvernements régionaux et fédéral offre des perspectives à cet égard.
Une nouvelle étude du FMI montre que les efforts de réformedans presque tous les pays industrialisés ont sensiblement diminué au cours des dernières décennies. La Belgique n’a pas un bilan remarquable en la matière. Aujourd’hui encore, les syndicats menacent de se mobiliser contre les projets de réforme divulgués. Selon le FMI, un élément crucial pour des réformes réussies, souvent oublié, est la communication et la transparence : expliquer clairement pourquoi les réformes sont nécessaires et comment elles apporteront des améliorations. Là aussi, le prochain gouvernement devra faire preuve d’une grande détermination.
Le chemin à suivre est pourtant simple : continuer avec une politique inchangée ne nous mènera nulle part. Dans ce scénario, la pression sur nos finances publiques et notre économie continuera à s’intensifier. Il est grand temps d’entreprendre de véritables réformes. Le potentiel est, de toute évidence, énorme.
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